L'écrivain Denis Tillinac : "Johnny est mort, la France est veuve"

"Souvenirs souvenirs, vous resterez mes copains" : ainsi s'achève la chanson qui a dû tourner des centaines de fois sur mon électrophone. Elle m'accompagne depuis lors, sésame ouvrant grand angle les portes de ma jeunesse. La mort pour de vrai de Johnny n'y change rien ; il y a longtemps que ses souvenirs, souvenirs me bercent d'une nostalgie inguérissable. Pourtant ce départ vers Dieu sait où dans une nuit froide de décembre me navre, à l'unisson du peuple de France qui depuis mercredi a le cœur en berne. Chacun a sa raison de porter le deuil de Johnny Hallyday. Les raisons des rejetons du baby-boom sont irrécusables : il a mis des mots, des sonorités, des rythmes et une gestuelle appropriée sur nos fringales de vie syncopée et buissonnière.

Bien sûr Elvis était le King. Sa photo à la une de Salut les copains, un cran d'arrêt à la main, aura été le cliché générique de cette fièvre qui nous chahutait les neurones. Elvis : lippe dédaigneuse, regard ténébreux signifiant à bon entendeur que s'il veut la castagne il ne sera pas déçu. Tel était le message de Trouble dans le film King Creole et comme par hasard Johnny l'a repris : "Si vous cherchez la bagarre…" Bien sûr l'histoire a commencé à Memphis, Tennessee, dans un studio dont le boss cherchait vainement un Blanc de peau miraculeusement habité par la soul des bluesmen noirs. La voix chaude, caressante et vénéneuse d'Elvis avait vocation à accomplir ce métissage culturel. Dont acte, au milieu des années 1950, dans les moiteurs du Sud profond de ­Caldwell, de ­Richard Wright et du ­Ku Klux Klan. Oui, un petit Blanc venu au monde à Tupelo, Mississippi, qui chantait et swinguait comme un Noir. Heartbreak Hotel, Don't Be Cruel, All Shook Up, Blue Suede Shoes, Jailhouse Rock. Ces classiques sont aussi indémodables que La Route de Kerouac – la "66" mirifique de nos chevauchées imaginaires vers la Promised Land de Chuck Berry.

Bien sûr, nous aimions écouter Fats Domino (Blueberry Hill, etc.) Eddie Cochran (C'mon Everybody, etc.), Gene Vincent (Be-Bop-a-Lula, etc.) Ray Charles, (Georgia on My Mind, etc.) ou les Beatles à leurs débuts (I Want to Hold Your Hand, etc.).

La synthèse de Marlon Brando et James Dean

Mais la déclinaison française de cette conflagration d'amplitude planétaire – le beat – avait tout pour nous emballer. Son visage d'archange blond, sa dégaine de mauvais sujet qui offusquait nos mères, ses hurlements de chat écorché vif puis sa voix tendrement veloutée quand il chantait Bien trop timide. Cette chanson éveille encore en mon for un mixte printanier de désarroi et de tendresse ; elle me nouait la gorge quand mes amourettes tournaient à la débâcle. Ça arrivait souvent. Je me persuadais que, sous ses dehors de ­blouson noir, il était aussi timide que moi. Aussi bêtement sentimental. Je me revois penché sur un juke-box, écoutant le lamento de Johnny. "Pourquoi, cet amour/qui m'a fait chanter? Pourquoi s'amuse-t-il/A me faire pleurer?" Oui, pourquoi? Une dernière plainte de la guitare électrique, innovation récente, et le microsillon cessait de ­grésiller. Il fallait mettre un autre jeton pour avoir droit à une autre chanson, tantôt un slow (Douce violence), tantôt un rock (Depuis qu'ma môme), et alors une frénésie me brûlait les sangs, je me roulais sur la moquette.

Je me revois dans ma piaule d'ado, imitant ses déhanchements devant l'armoire à glace avec une raquette de tennis en guise de guitare. J'avais beau y mettre la conviction du converti de fraîche date, il me manquait cette prestance de French lover équipé d'un pain de dynamite. Johnny réalisait la synthèse approximative de Marlon Brando (en moins brutal) et de James Dean (sans le tragique). Mes égéries du "sam'di soir" souffraient de la comparaison avec sa belle Sylvie ; mais enfin, en croupe de mon Solex sur une départementale bordée de platanes, elles me procuraient l'illusion de m'évader vers l'Amérique bariolée d'Elvis. Toujours Elvis, et Johnny n'a cessé de rappeler qu'il lui devait son destin. Le mien aura été nettement moins fastueux, mais la dette est la même.

En ce temps-là, la France dévalait la nationale 7 pour aller twister le rock à Saint-Trop' avec un mélange d'allégresse juvénile et de rébellion sans ennemi déterminé. Les parvenus roulaient en Porsche, les bourgeois en DS 19, le tout-venant en 403 Peugeot. Les fils de famille draguaient en MG, les moins friqués en Vespa, les pas friqués de ma sorte en Solex. Nos fantasmes exotiques se contentaient des séjours linguistiques en Angleterre pendant les grandes vacances et des plages bon marché de la Costa Brava. On n'allait pas plus loin. Un romantisme nimbait nos dissipations ; nous avions envie de tout casser, de tout larguer, de tout étreindre – mais le vent qui soulevait les jupes à cerceaux était léger. Nos copines de classe tressaient des scoubidous, sirotaient des diabolos grenadine et faisaient ondoyer des hula hoops autour de hanches dorées au soleil de ­Cadaqués ou de Palavas-les-Flots.

On ne parlait pas de politique sous les préaux des lycées

Rien d'attentatoire aux vertus inculquées par leurs mères, qui du reste s'étaient dessalées depuis belle lurette : Bonjour tristesse de Sagan datait du début des années 1950 ; de même qu'Et Dieu créa la femme, où BB affichait sa nudité somptueuse, en toute ingénuité. Mes rares prises de guerre autour du Teppaz s'affublaient de couettes à la Sheila, ou bien adoptaient la longue chevelure de Françoise Hardy. L'une jouait sa partition sur le registre de la petite fille de Français moyens dans un pavillon de banlieue ; l'autre plutôt dans la mélancolie, du genre j'ai lu Sartre et Camus en terminale, ça me donne à penser que l'amour est un leurre, hélas.

C'était une France aimablement hexagonale, sans chômeurs ou si peu – et les clochards sous les ponts de Paname semblaient avoir choisi plutôt que subi leur irrégularité. Pour un peu nous les aurions enviés, surtout à la veille d'une compo de maths. De Gaulle régnait, fantôme hugolien reclus derrière les grilles de l'Elysée. Kopa dribblait, Anquetil enfilait ses maillots jaunes, les passes croisées des frères Boniface illuminaient le ciel de Colombes. Le conflit algérien allait sur sa fin ; les parents n'entendait plus siffler le train de Richard Anthony qui emmenait leur fils crapahuter dans un djebel. On ne parlait pas de politique sous les préaux des lycées ou dans les amphis de la fac, les Français étaient pour ou contre de Gaulle, pour ou contre Anquetil ou Poulidor et, dans les surboums, les débats opposaient les partisans des Chaussettes noires d'Eddy ­Mitchell à ceux des Chats sauvages de Dick Rivers.

D'autres chanteurs français prenaient leur place dans les juke-box : Lucky Blondo, Frank Alamo, Claude François. Mais plus les années s'écoulaient, plus s'imposait avec la force de l'évidence la suprématie de Johnny Hallyday. Les comparses nous gratifiaient d'un tube d'été bien balancé, de plusieurs tubes dans le cas de Richard Anthony, le premier en date à avoir écouté et mis à sa sauce la musique américaine. Johnny, c'était la Star, avec une majuscule enluminée. La seule en vérité. Parce que son charisme mettait les nerfs de ses fans en état de surchauffe. C'était physique, il offrait son corps au public en des paroxysmes sacrificiels, on frôlait les transes du vaudou quand il s'emparait du micro. "Allez les copains on va danser le twist", ­disait sa voix enjôleuse, et les filles hurlaient comme les possédées de Loudun. Elles étaient amoureuses de lui et de nul autre. Il s'offrait tout entier, corps et âme – voué sans rémission à devenir l'"idole des jeunes" de Ricky Nelson, qui lui était trop sage pour être idolâtré. A l'instar de de Gaulle, captif de son rôle sur le théâtre de l'Histoire, Johnny Hallyday avait en quelque sorte renié Jean-Philippe Smet, il s'identifiait intégralement à son personnage public.

Les tubes des autres, on les fredonnait et on les oubliait. Qui se souvient de cette tisane charmante, serinée au long d'un été par tout un chacun : "Il y a le ciel, le soleil et la mer"? Qui se souvient de "J'me suis payé un beau chapeau" de Sacha Distel? Du "Mexicain basané" (Marcel Amont)? De Jolie petite Sheila (Lucky Blondo)? Quelques sexas à la ramasse. Tandis que Retiens la nuit survivra à notre décrépitude. Johnny l'interprétait dans le film Les Parisiennes, avec accompagnement d'un saxo et de violons aussi langoureux que ceux de Verlaine. A mon goût, c'est sa plus belle, elle mérite de côtoyer les meilleurs titres d'Edith Piaf dans le panthéon de la musique populaire française, au sens le plus noble du terme. "Ne me demande pas d'où me vient ma tristesse/Ne me demande rien tu ne comprendrais pas." Je la connais sur le bout du cœur, son et paroles, son et lumières car elle fait encore scintiller des étoiles dans mon ciel, par intermittence. La voix est d'une tendresse merveilleuse, avec cette légère touche d'érotisme au moment où il murmure comme un secret plus qu'intime : "Avec toi elle paraît si belle." Oui, avec lui, mes nuits étaient belles, même si j'étais seul sous la couette.

Johnny, celui qu'on ne pouvait pas détester

Toutes ses chansons de nos tendres années racontent l'histoire brève d'un garçon amoureux transi d'une fille. Textes anodins, qu'un féminisme de stricte obédience récuserait aujourd'hui. Ce n'est pas juste après tout, Poupée brisée, Serre la main d'un fou, Dans un jardin d'amour, Une fille comme toi, Les Bras en croix, où il nous balade dans la vallée de l'Oklahoma pour y régler son compte à un faux ami. Je n'ai pensé qu'à lui lorsque bien plus tard j'ai découvert l'Oklahoma. Ponctuation invariable d'un solo de guitare qui raconte le bonheur d'être triste ou le tourment de la solitude, non sans ironie mais sans faire grincer les dents comme les couinements des décennies suivantes. C'était le Johnny de nos initiations en tous genres, le Johnny déchaîné du ­fameux concert de la Nation, capable de se bagarrer pour se prouver qu'il était un homme, un vrai. Machisme d'époque, pas méchant et qui rendait vite les armes car, au fond, ce faux voyou était un vrai tendre. Un bon mec simple et généreux – et ce fond de sauce, les Français le percevaient d'instinct, c'est pourquoi ceux qui n'aimaient ni sa musique ni son style ne parvenaient pas à le détester.

C'était une France en liberté à peine surveillée, presque la doulce France d'un songe de poète tant il y avait de fraîcheur dans nos désirs. "Le vent se lève, il faut tenter de vivre", avait écrit Valéry en une autre époque, moins avenante. L'équivalent de ce vers dans la discographie de Johnny, ce fut Pour moi la vie va commencer. Chaque fois que je l'écoute, avec le solo de batterie initial, je me revois au sortir de l'âge bête comme disaient nos parents, poursuivant le bonheur au volant de ma deudeuch cabossée de partout avec la peur panique de rater ses coches. Le prenant au vol, le perdant en route si je tentais de le capturer, le retrouvant, le reperdant. Pour moi, pour nous, enfants d'un demi-siècle qui nous promettait la lune, la vie n'en finissait pas de commencer, c'était lancinant à la longue.

Tout a changé lorsque Johnny a cru devoir se convertir au hippisme à la mode de San Francisco. Ça n'a pas duré longtemps mais c'était le symptôme d'une perte sèche de jouvence et d'innocence. Plus exactement : d'innocence libre de corsets idéologiques. L'air du temps perdait de sa douceur, il s'ennuageait. Guy Boniface s'était tué en voiture sur une route des Landes. Les Beatles allaient se séparer. Dans les bars d'étudiants on ne les comparait plus aux Stones, qui d'ailleurs devenaient agressifs. Les copains se prenaient au sérieux en se décrétant anars, trotskards, maos ou situs. Les fachos au crâne rasé, peu nombreux, n'étaient pas plus rigolos. De quelque chapelle qu'elle se réclame, une réclusion idéologique n'a jamais porté à la bonne humeur. Les "orages désirés" de feu notre romantisme tournaient à la contestation verbeuse de l'ordre établi. L'ordre "bourgeois" en l'occurrence, dont je me foutais éperdument, et Johnny grâce au ciel n'a pas donné dans le panneau d'une ­révolte dévoyée en "ismes" après les péripéties de Mai-68 qui ont valu à la finale du championnat de France de rugby Lourdes-Toulon d'être ajournée sine die – j'ai eu du mal à le pardonner à Cohn-Bendit mais lui il se foutait de Crauste et d'Herrero, il n'aime que le foot.

Révoltés, nous l'étions tous, sauf quelques adeptes du Défi américain de Servan-­Schreiber. Révoltés contre quoi? Nous ne savions pas le dire ; Johnny savait le chanter. Notre Amérique était la sienne, recyclée par les motards d'Easy Rider, pas celle de l'économie yankee réputée plus performante que celle de nos énarques. On s'en foutait de leur économie, et Johnny plus qu'aucun autre : il craquait son fric en bolides, en Harley-Davidson, en dégagements nocturnes avec une désinvolture princière. Il y avait lieu de supposer que pas mal d'aigrefins vivaient à ses crochets. Reste qu'il était devenu un adulte. Enfin, il faisait semblant. Il avait divorcé, il procréait comme tout un chacun : David avec Sylvie, Laura avec ­Nathalie. Il se consumait dans son destin de star, d'un concert l'autre, toujours rayonnant encore qu'en proie à des coups de blues. Il avait tenté de se suicider, comme il se doit quand on est une vraie star. Parce que toute gloire exige sa rançon, il faut expier.

Comme Elvis, il était une éponge

La bande-son de l'histoire de la France d'après Mai-68, endeuillée par la mort de de Gaulle, ce furent ses chansons. Curieusement, je puis dater sa musique jusqu'à Excuse-moi partenaire, Le Pénitencier et Que je t'aime. Après, ça s'embrouille, sans doute parce que je n'ai pas aimé les quatre dernières décennies du siècle vingtième et celle du siècle vingt et unième me désobligent encore davantage. Des titres me reviennent en mémoire dans le désordre : Ma gueule, Quelque chose de Tennessee, Allumer le feu, Toute la musique que j'aime. Oui, toute la musique que nous aimions, avant le "hard", avant le rap, avant la techno. Johnny fumait beaucoup, il buvait beaucoup. Il brûlait ses ailes mais elles repoussaient à mesure. Au gré des ans, il devenait une manière de ­fétiche national. Et lorsque la génération yéyé s'avisa de procréer, elle eut la surprise d'entendre ses loupiots bramer ses nouvelles chansons.

Et lorsque ses propres enfants procréèrent à leur tour, leurs enfants devinrent des fans, ils "allument leur feu" de teenagers avec ses chansons. Toujours l'amour : Oh! Ma jolie Sarah, Gabrielle. L'amour paternel désormais avec Laura. Toujours sur scène, les postures du rocker et toujours ce charisme, cette magie qui soulevait les cœurs les plus rassis, avec une dose de tendresse et aussi une dose de nostalgie. Tout en interprétant des créations de Berger ou de Goldman dans une débauche de pyrotechnie, Johnny commémorait le "bon vieux temps du rock'n'roll". Désormais, il était l'idole des Français, tous âges confondus et toutes classes sociales. Les puristes lui reprochaient de se couler en caméléon dans n'importe quelle mode, hippie en partance pour Katmandou puis crooner à la Sinatra, puis Mad Max, puis rocker à nouveau. Bof! Purisme rime avec intégrisme.

Comme Elvis, il était une éponge. Il captait d'instinct et mixait à sa guise. Comme Elvis, sa voix restait hors norme, les basses autant que les aigus. Plus rauque cependant, l'abus de tabac se paie à la longue. Des chroniqueurs intoxiqués par la politique voudraient le ranger à droite de l'échiquier, au motif qu'il avait de la sympathie pour Chirac, pour Sarkozy aussi. En vérité, il n'était d'aucun bord, il se produisait indifféremment devant un parterre de militants RPR ou de sympathisants communistes à la Fête de l'Huma. Vus en bloc depuis l'estrade, ils se ressemblaient, c'était un public dont il fallait soulever l'enthousiasme. C'était son public multicarte et bleu, blanc, rouge comme celui de Zidane.

A cet égard, les hommages des politiques auxquels on tend le micro ces jours-ci sont sincères peut-être, mais quelque peu intéressés. A l'aune des communicants qui les gouvernent, Johnny est incontournable. En s'affichant avec lui sur les photos, ils croyaient glaner des miettes de sa popularité. Peut-être aussi espéraient-ils percer pour leur gouverne une part du mystère qui l'auréole d'une légende depuis le Golf Drouot jusqu'au Stade de France, la tour Eiffel et le Parc des Princes en passant par nos villes de province. Car tout compte fait, de ses immenses qualités de chanteur et de fauve de scène, un mystère subsiste.

Pour évaluer l'émotion qui nous chavire tous, je crois qu'il faut tourner à l'envers les aiguilles du temps et se souvenir de notre tristesse, un jour pluvieux du mois de novembre 1970. "De Gaulle est mort, la France est veuve", nous a dit Pompidou ce soir-là à la télé. Johnny est mort, la France a porté son deuil samedi, sur les Champs puis à la Madeleine. Il a traversé les générations en météore, zébrant ses ciels variables de chansons comme Rimbaud semait des cailloux sur les routes de ses songeries. Pour les gens de mon âge, la France se confond plus ou moins avec celle du "Grand Charles". ­Tandis que l'un nous enivrait d'orgueil cocardier, l'autre nous ­ensoleillait l'existence.

De Gaulle n'était pas très rock'n'roll et Johnny n'avait sûrement lu ni Chateaubriand ni Malraux ; cependant le discours à la République (1958) et le concert à la Nation (1963) ressuscitent en moi les mêmes – comment dire? – les mêmes regrets d'un âge d'or révolu. C'est dire que depuis mercredi j'ai l'âme en charpie. Johnny, je l'ai vu plusieurs fois en concert. Une seule fois j'ai eu le privilège d'une soirée en sa compagnie, avec Sarkozy qui m'y avait convié. Son épouse Laeticia s'étonnait que je connaisse des chansons qu'elle ignorait, et pour cause. Tu parles trop, Une poignée de terre, Le P'tit Clown de ton cœur, Toi qui regrettes. Les chansons de ses débuts, dont il avait oublié les paroles, qu'il s'efforça néanmoins de chanter pour me faire plaisir. Nous avons parlé d'Elvis bien entendu, on en revient toujours au King. On en reviendra toujours à Johnny lorsqu'un souvenir, souvenir nous fera de l'œil, et cette soirée ne comptera pas pour rien à l'heure de faire le tri dans ma brocante intime. Sur son visage émacié je lisais une lassitude, et dans ses yeux une étrange douceur. Du coup, je repensais à la fin de L'Idole des jeunes : "Mais s'ils savaient parfois dans la vie/combien tout seul je suis"…

Johnny est mort, la France est veuve et nous voilà à nouveau orphelins. Adieu grand frère, et merci pour tout!