"Ils viennent pour penser à autre chose mais le Covid les a marqués" : reportage sur le parquet d'un thé dansant à La Chapelle-Saint-Mesmin

Musette et thés dansants, l'indémodable succès

Cet après-midi-là, à La Chapelle-Saint-Mesmin, ils sont quasiment deux cents à s’être mis sur leur trente-et-un. Quatre-vingt-quinze ans a le doyen. Le voici justement qui arrive avec son sac rouge de l’Amicale de l’Orme-aux-Loups sous le bras. C’est à cet accessoire que l’on reconnaît les fidèles de la première heure (il y a quinze ans déjà). Fidèles à l’amicale, fidèles à la danse, fidèles en amour : "On s’est connus au bal et on ne s’est plus lâchés", confie le couple.

Dans le hall d’entrée, Claude troque sa tenue décontractée contre un gilet habillé ; ses bretelles seront ainsi cachées. Tenues soignées exhibées.

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"On s’est ennuyé, on s’est isolé"

Tandis que Bernadette, la présidente de l’Amicale, reste à l’entrée pour contrôler le pass sanitaire, obligatoire, son mari distribue gel et masques. Un masque que l’immense majorité, – rien ne les contraint à le porter – fait le choix de tomber. Un bal non masqué, pour "librement danser".

Pendant dix-huit longs mois, tous ont vécu comme un grand déchirement d’être privés de leur thé dansant. "On s’est ennuyé. On s’est isolé", résume Annick. Hélène, une septuagénaire prête à faire plus de cent kilomètres pour son rendez-vous hebdomadaire, renchérit :

"C’était plus la vie. On s’est rabougri comme une plante sans eau. Le virus ? On n’y pense pas quand on est là. 90 % des gens dansent en couple. Les autres se connaissent bien. On est comme une famille."

Hélène, tout de rouge vêtu,prédit un avenir bien noir en cas de reprise de l’épidémie et de nouvel arrêt des activités : "S’ils nous enlèvent ça, la moitié des personnes âgées vont mourir !" La passionnée insiste :

"La danse, c’est se faire beau, c’est plaire, c’est bouger, c’est revivre. On s’étiole sans cela."

Un "retour à la vie" dont Didier parle aussi. "J’habite seul et mes enfants ne sont pas sur place. Venir ici, c’est retrouver un contact." Le Covid est passé par là, les bises ont disparu, la chaleur humaine est restée.

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"Ça vaut un cours de gym !"

Le parquet ne désemplit pas.

"Plus besoin d’aspirine, je les donne à ma voisine", chante l’orchestre de Sébastien Perrin. À l’accueil, on s’enquiert de la santé des absents. Une chose est sûre, les présents sont en forme. "Ils se plaignent toute la semaine, mais n’ont plus mal nulle part une fois ici", plaisante Annie. "Ça vaut un cours de gym !", lance Annick.

Ce n’est pas Jean-Luc qui dira le contraire. Huit heures par semaine, il danse avec sa partenaire. Une partenaire "rencontrée au bal il y a soixante ans", annonce-t-il, fier. "La danse rapproche le couple" : conseil d’expert.

Tango solo

Valse, rumba, passo doble… sur la piste, ça n’arrête pas. Il y a même le tango solo, une danse en ligne qui donne notamment la possibilité aux femmes sans cavalier de se déhancher.

Les robes à volants n’en finissent plus de tourner. Bernadette les observe de loin ; elle n’est pas là pour danser. "Moi, j’aime organiser. Je fais à manger le midi à mes musiciens. Et je surveille, à la sortie des toilettes, que les dames n’ont pas la jupe dans le collant", sourit la présidente, l’air bienveillant.

Cette dernière constate :

"Une partie de la clientèle n’est pas revenue en septembre, après l’arrêt lié au Covid, soit parce qu’elle a peur, soit parce qu’elle n’est pas vaccinée."

Mais dans ceux qui sont revenus, "beaucoup ont déjà reçu leur troisième dose ou ont au moins leur rendez-vous".

Au dernier temps de la valse, tous sourient vraiment. Quand 20 heures sonnent, les talons, sur le parquet, se sont usés, et le virus, des têtes, un moment, s’est envolé.

Possibilité de réserver auprès de l'Amicale de l'Orme-aux-Loups au 06.09.35.29.76. Entrée 12 €. Pass sanitaire obligatoire.

Blandine Lamorisse