La pyramide de performance face aux paradoxes du terrain

Par : Saïd Mouas Ancien inspecteur-formateur EPS/auteur et membre du Foreps

Un petit tour et puis s’en va. Notre légendaire champion Noreddine Morceli est apparemment plus habitué aux pistes d’athlétisme qu’aux lambris des ministères, même s’il affecte le complet trois-pièces-cravate, l’habit du pouvoir. En cédant son poste de secrétaire d’État chargé de l’élite à Salima Souakri, une judoka émérite, l’enfant de Chlef serait-il pressenti pour succéder à Berraf à la tête du comité olympique ? La création d’un département spécial au profit du sport d’élite n’est pas une nouveauté en soi, si l’on se réfère aux castings des gouvernements précédents. La première fois où l’on a désigné un partenaire à un ministre de la Jeunesse et des Sports, c’était en 1986, lorsque le défunt Mohamed-Salah Mentouri, nommé vice-ministre des Sports, aux côtés de Kamel Bouchama, ministre de la Jeunesse et des Sports, se distinguera par un remarquable travail de conceptualisation des textes. Il faudra attendre septembre 2012, quand Mohamed Tahmi, promu ministre de la Jeunesse et des Sports, n’aura en fait à s’occuper que du volet sportif, puisque son éphémère adjoint Belkacem Mellah s’est vu confier le poste de secrétaire d’État à la jeunesse. Le souci de privilégier le sport, notamment le football, apparaît donc tôt chez les politiques en quête d’audience populaire. Cependant, rares étaient les ministres qui présentaient un profil conforme à la fonction ; si l’on excepte les passages de Aziz Derouaz et de Sid-Ali Lebib, tous deux acteurs familiers du mouvement sportif national, aucun locataire du siège de la place du 1er-Mai n’avait de lien direct avec le monde du sport. Hormis peut-être aussi Mohamed Allalou, ancien DJS et conseiller sportif, qui fit un passage éclair sous le troisième gouvernement d’Ouyahia. Le plus long règne est à mettre à l’actif de Djamel Houhou (avril 1977-janvier 1982), dont les actions porteront un sérieux coup à la promotion du sport à la base. Il s’est érigé en ministre du football en décidant de se délester du sport à l’école et en le “collant” au ministère de l’Éducation à partir de 1979, conformément au décret n°78-195 du 9 septembre 1978 portant rattachement au ministère de l’Éducation du corps de professeurs, P. A. et maîtres d’EPS ainsi que les moniteurs d’EPS. Une fracture qui ne s’est pas faite sans douleur. Un pan de l’histoire du sport scolaire venait de s’écrouler, une histoire riche en péripéties quand on se remémore la décennie faste 1968-1978 durant laquelle la direction nationale des sports du MJS, dirigée à l’époque par Si Mohamed Baghdadi, lança au début des années 1970 une expérience révolutionnaire en milieu scolaire dénommée “la commune éducative”. Inspirée des méthodes actives en vogue dans le monde, cette organisation pédagogique a été pensée par Jacques Derette, promoteur de la République des sports en France. Les enseignants d’EPS, grâce à de nombreux séminaires et stages, s’en inspirèrent fort utilement. Parallèlement, une opération pilote dite “400 écoles” touchera la majorité des wilayas. Un matériel ludique sous forme de kits-containers est alors distribué aux établissements éducatifs pour mener à bien les séances d’EPS assurées pour la première fois par les instituteurs et institutrices du primaire déjà sensibilisés aux objectifs de l’EPS par le biais de stages de formation sportive et culturelle. Cet élan, hélas, sera interrompu peu après les Jeux africains d’Alger par l’instauration de deux tutelles distinctes. Le butin de la formation patiemment amassé depuis 1962 est réparti, selon les vœux des intéressés, entre les deux secteurs ; une partie des enseignants des CEM et lycées sera intégrée au ministère de l’Éducation nationale et l’autre maintenue sous la coupe du MJS pour les besoins des clubs. C’en était fini de l’espoir de faire du sport à l’école le catalyseur du sport d’élite. Pour remonter un tant soit peu la pente suite à l’hémorragie qui a vidé les établissements scolaires d’une partie de leur encadrement, un noyau de professeurs et d’inspecteurs d’EPS a dû cravacher dur à l’effet de poursuivre la formation, de réformer les programmes, de dégager un horaire d’enseignement suffisant et d’obtenir plus d’infrastructures. 40 ans après la scission et sous la poussée de la démographie, l’EPS à l’école, réservoir naturel du sport de performance, en est encore à se chercher.

Dispersion des moyens et absence de stratégieDans une analyse parue dans la revue de sciences sociales Insaniyat (Crasc Oran), le Dr Yahiaoui Boubekeur a fait le bilan de l’éducation physique et sportive scolaire en Algérie depuis 1962. Divulguant des statistiques comparatives édifiantes sur l’état des lieux, il a suggéré des pistes de redressement et appelé à une reprise en main de la discipline en butte à des contraintes plurielles. Il évoque entre autres le rôle des classes sport-études ainsi que toutes les faiblesses qui freinent le développement de l’activité sportive à l’école. Publiée en 2012, la contribution de cet expert diplômé du Cneps de Ben Aknoun et docteur en sciences de l’éducation reste toujours d’actualité. Les prémices d’une volonté politique s’affichent en novembre 2016 à la promulgation du décret exécutif n° 16-307 fixant les modalités relatives à l’enseignement obligatoire de la discipline d’éducation physique et sportive dans les établissements d’éducation et d’enseignement. Outre la clarté des énoncés des articles 5 et 6 concernant les objectifs assignés à l’EPS, le décret dans ses articles 18, 19 et 20, les plus déterminants à notre sens, souligne entre autres la nécessité de doter l’ensemble des établissements scolaires d’installations et d’équipements sportifs indispensables à l’exercice de l’EPS. Un air de déjà vu, puisque le code de l’EPS datant de 1976, dans son article 58, disait presque la même chose. Une clause inédite cependant est inscrite dans les dispositions finales dudit décret qui, dans son article 21, brandit la menace : “L’inobservation des dispositions du présent décret entraîne l’application des sanctions administratives et disciplinaires conformément à la réglementation en vigueur.” Combien de directeurs de l’éducation tomberaient sous le coup de cette loi si elle venait à s’appliquer ? Dès lors que les mentalités ont beaucoup de mal à évoluer pour asseoir le sport à l’école, il ne faudrait pas s’attendre à des miracles pour étoffer le sport de haut niveau.

La graine de champion éclot à l’école selon les exigences d’une pédagogie moderniste associant outils, matériels et méthodes d’apprentissage en fonction des âges. Tous les spécialistes des sciences sportives s’accordent à dire que la double mission – EPS et sport scolaire – recouvre de nombreux enjeux : rôle éducatif et socialisant, santé publique, éveil psychomoteur et points d’accès aux grandes disciplines sportives, voire au sport d’élite. Des buts que la quasi-totalité des huit lois sur le sport, promulguées jusque-là, a consignés. Plus explicites, les instructions officielles sont venues à cet égard jeter un nouvel éclairage sur les programmes éducatifs conçus par des équipes de recherche compétentes composées de professionnels et d’inspecteurs d’EPS chevronnés. Des programmes destinés aux trois paliers de l’enseignement (primaire, moyen et secondaire) dont le grand mérite est d’avoir tenu compte des conditions rudimentaires d’apprentissage prévalant au sein des établissements scolaires. Soucieux de l’adaptation, les concepteurs ont opté pour les jeux présportifs à l’école primaire, lesquels ont l’avantage de combiner les objectifs liés au développement psychomoteur (équilibre, coordination, vitesse, etc.) et la compétition sportive dont la valeur éducative aux plans social, relationnel, affectif et moral n’est plus à démontrer. Un paradigme pédagogique à la portée de tout enseignant désireux d’exploiter les vertus du jeu. Le ministère de l’Éducation nationale s’est appuyé sur ses équipes de recherche sportive parfaitement compétentes pour élaborer des répertoires de jeux, guides et livrets adaptés à chaque palier en dépit du déficit infrastructurel dominant au sein des écoles primaires censées susciter des vocations sportives et alimenter les rangs de l’élite. Une impossible équation en vérité car, tant que la problématique du sport à l’école est encore sujette à des velléités, qui contrastent avec les principes contenus dans les textes de loi ouvrant à la pratique sportive scolaire une voie royale, la situation ne risque pas de changer.

La pyramide de performance face aux paradoxes du terrain

Des paradoxes devenus flagrants avec la crise du système éducatif et les préjugés véhiculés par un islamisme rampant. La question du sport à l’école s’avérera par ailleurs un bon slogan pour les ministres de la Jeunesse et des Sports qui, pour donner plus de profondeur à leur discours, ne manquent pas, dès leur prise de fonction, de souligner le rôle majeur que tiendra l’EPS dans leur plan de relance du sport, alors que cette discipline ne relève pas de leur secteur ! Un credo récurrent teinté de démagogie destiné surtout à accréditer l’idée d’une vision à long terme profitable au sport d’élite. Une mystification que le temps a fini par dévoiler. Sa majesté “le roi football” n’est pas près de céder son trône et la foule en redemande. Gourmand en milliards, l’opium des peuples cristallise l’intérêt des politiques. Pensez à ce que serait devenu le sport à l’école si une partie seulement de cette manne avait été dépensée pour la construction de petits gymnases à l’intérieur des écoles. À titre illustratif, les dettes cumulées par les clubs professionnels en 2020 se montent à 1000 milliards de centimes, sans compter les dépenses aussi faramineuses. Une approche systémique démontre qu’il n’existe pas une politique du sport à l’école fondée sur des perceptions partagées par l’ensemble des acteurs du mouvement sportif national.

Du jeune talent sportif au championLa vie d’un athlète de haut niveau passe schématiquement par quatre étapes : détection, formation, compétition et insertion. Chacune de ces phases mobilise des énergies de tous bords et obéit à des programmes mûrement réfléchis. J’ai eu l’occasion de traiter de ce problème lors d’une conférence donnée dans le cadre de la première université d’été des sciences et technologies des activités physiques et sportives tenue au mois de juillet 1986 à l’ITS de Aïn El-Turck. L’unanimité des scientifiques autour de cet aspect primordial qu’est la découverte des jeunes talents sportifs (JTS) conforte le bien-fondé d’une vulgarisation accrue de l’EPS en milieu scolaire. Entraîneurs et éducateurs sportifs s’intéressent à la performance dès le bas âge en tentant par divers moyens d’optimiser les ressources individuelles de leurs athlètes, mettant l’accent sur la régulation des processus d’apprentissage. Ils agissent en didacticiens. La didactique n’est pas la pédagogie, mais un versant de la pédagogie que connaissent en principe tous les enseignants qui ciblent, à travers l’évaluation continue, les contraintes perturbantes liées à la performance sportive ou autre. La prise en charge précoce des enfants doués constitue un précieux atout pour leur épanouissement futur. C’est pour cette raison que dans de nombreux pays, dès la prime enfance, une importance particulière est accordée au sport à l’école, voire à la maternelle. Les travaux de l’organisation Active Healting Kids Global Alliance, composée de chercheurs et d’acteurs du terrain spécialisés en EPS, jugent comme prioritaire la mise en place d’un système scolaire cohérent de connaissance de l’activité physique en s’appuyant sur des indicateurs objectifs. Ces travaux insistent également sur la nécessité d’offrir plus de possibilités de pratique physique et sportive aux jeunes enfants ; vu le temps de plus en plus grand qu’ils passent devant les écrans des réseaux informatiques. À cet effet, la détection nécessite une coordination intersectorielle (ministères de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, les fédérations sportives, les instituts et les académies de formation) pour l’élaboration des protocoles et des outils d’évaluation à la fois performants et faciles à utiliser. Puis intervient la phase-clé dans le cheminement de l’athlète d’élite, à savoir la formation. C’est à ce stade qu’il importe de rentabiliser au maximum le potentiel d’encadrement largement sous-utilisé. Conseillers sportifs spécialisés, TSS, enseignants universitaires, anciens champions, cadres sportifs à la retraite… L’État a ouvert de grands centres de formation pour accompagner les jeunes talents, à l’image du premier lycée national sportif de Draria (Alger), inauguré en 2001 et qui peut accueillir jusqu’à 400 élèves. Disposant d’annexes à Blida, à Aïn Sefra et à Oum El-Bouagui, ce lycée couvre 20 disciplines sportives. L’autre fleuron se trouve à Sétif ; il s’agit de l’Enso (École nationale des sports olympiques). Créée en 2009 et mise en service en 2012, elle assure la formation des JTS dans les sports collectifs, les sports individuels et les sports de combat. On pourrait également citer les sections “sport et étude” introduites – tenez-vous bien – à partir de 1991 et qui se sont généralisées à l’ensemble des wilayas, pour se réduire ensuite, telle une peau de chagrin, à neuf wilayas. En dépit de l’ancienneté de ces centres et pôles de développement disposant de moyens relativement importants, il semble que le sport d’élite et de haut niveau éprouve du mal à bousculer les records nationaux vieux de plusieurs décennies. Prenons le cas de l’athlétisme, la reine des disciplines ; une analyse comparative montre en effet qu’au lancer de poids Jean-Marie Djebaïli garde toujours son titre remporté en 1976 (19m07). Il en est de même pour les records en javelot et marteau détenus respectivement par Mahour Bacha (70m20-1986) et Hakim Toumi (74,76-1998) ou encore le 1500 m (Morcelli-1995), le 5000 m (Ali Saïdi Sief-1986), le saut en hauteur (Hammad-2000) et le saut en longueur (Nima-2007). Qui se souvient du sprinter El-Hadi Sayah à qui, récemment, ses amis de Annaba ont rendu hommage ? Ses records d’Algérie du 100 m (10’ 3/10) et 200 m (22’2/10) établis au début des années 1970 ont été à peine améliorés par, respectivement, Skander Djamel (10’29 en 2017) et Bouhadda Soufiane qui fait nettement mieux (20’53 en 2016). Chez les femmes, les performances nationales inégalées remontent pour certaines à 1987 et 2005. C’est dire qu’un bilan des résultats des différents centres de formation de l’élite, fortement soutenus par l’État et alimentés principalement par les fédérations sportives, s’impose afin d’identifier les carences à l’origine de cette stagnation, voire de ce recul du sport d’élite, hormis certaines disciplines, qui nous ont valu quelques satisfactions telles que la boxe, le judo, le handball ou le football avec des joueurs formés ailleurs. En tout état de cause, l’organisation des filières préparant au sport de performance demande à être coordonnée de manière rationnelle afin d’éviter la dispersion des moyens et de favoriser la convergence des objectifs. Il est clair que l’irruption dans le champ de la compétition et de la haute compétition demeure le fruit d’un patient travail de préparation auquel doivent s’astreindre les athlètes entourés de staffs compétents du point de vue tant technique et psychologique que médical. Les statuts de l’athlète d’élite existent. La prise en charge de ce dernier est aujourd’hui encadrée par plusieurs organes dont les limites d’intervention paraissent floues. Outre le comité olympique, la commission nationale de haut niveau, la direction centrale du sport de performance du MJS, voilà qu’un secrétariat d’État chargé de l’élite est mis sur pied. Comment va s’opérer cette synergie ? Nous avons constaté que Noreddine Morcelli, durant les quelques mois passés dans le sillage de Sid-Ali Khaldi, n’arrivait visiblement pas à trouver ses marques et, pour meubler son temps, organisait des cérémonies de remise de prix aux vieux champions. Quelle sera la marge de manœuvre de Salima Souakri ?

La commission nationale de haut niveauL’accès au statut de sportif de haut niveau passe indéniablement par la confection d’un barème de critères permettant, dans chaque discipline, de définir le niveau de performance visé. Ce n’est pas à la commission nationale du sport de haut niveau que revient la tâche de produire des champions. Son rôle à elle consiste avec l’aide des fédérations à gérer le fichier des athlètes d’élite selon les critères de différenciation préétablis et à veiller à la conformité de leurs performances fluctuantes par rapport à leur statut. Les athlètes de haut niveau sont une composante de la masse de pratiquants, et ce, quels que soient les résultats que la discipline obtient au niveau international. On peut dire que le sport de haut niveau est l’aboutissement logique du mouvement sportif. Cette forme de représentativité sportive est souvent biaisée par le fait que les fédérations nationales sollicitent des sportifs d’origine algérienne pour défendre les couleurs nationales à l’échelle internationale, notamment dans des disciplines peu compétitives. Même le football n’échappe pas à cet épiphénomène, et les pouvoirs publics n’hésitent pas à investir cher afin de porter haut le prestige national. Ces exceptions ne reflètent guère le niveau et le degré d’ancrage de la pratique sportive dans la société.

La notion de sport de haut niveau est en principe corrélative au développement des pratiques sportives en général conjointement à la multiplication des structures particulières destinées à accueillir les meilleurs athlètes (sections sport et études, écoles de formation, ISTS, ITS et autres centres de perfectionnement pilotés par les fédérations) et qui participent au processus de production et de renouvellement de l’élite en fin de carrière. La liste des sportifs de haut niveau est arrêtée par le ministre au vu des propositions de la commission nationale du sport de haut niveau qui semble pour l’instant en veilleuse. D’ailleurs, le sport national vit une situation d’instabilité qui ne contribue nullement à l’émergence d’une élite sportive forte et structurée. Tout comme le COA et la commission nationale de haut niveau, la plupart des fédérations sportives nationales sont secouées par des conflits internes ou carrément en état de léthargie ; parfois incapables de fournir des statistiques actualisées et fiables.

Le cafouillage dans le domaine de la formation s’est accentué au fil des ans, à telle enseigne que les instituts sportifs relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et intégrés aux universités ouvraient des filières Staps sans tenir compte des normes pédagogiques les plus élémentaires. Résultats des courses : une formation au rabais privilégiant la quantité à la qualité et une légion de doctorants et magistères. Un maître d’EPS des années 1970 formé dans les fameux CREPS (Aïn El-Turck, Séraïdi, Caroubier et Chlef) sortait avec un bagage autrement plus solide. Un jour que j’étais de passage à l’université de l’USTOran, j’ai fortuitement entraperçu un groupe d’étudiants en EPS qui assistait dans une classe crasseuse à un cours de biomécanique ânonné en langue nationale par un professeur nonchalamment assis sur sa chaise en bois. Les étudiants prenaient machinalement des notes sans poser de questions. La scène m’a fortement choqué, et dire que l’on parle de laboratoires de recherche dans nos instituts sportifs alors que l’essentiel manque. La biomécanique à défaut de laboratoire spécialisé peut s’enseigner à travers des diapositives ou d’autres supports visuels, à la limite par des démonstrations techniques assurées par un “prof” en tenue sportive. À défaut de se donner les moyens de leur politique, les instituts font la politique de leurs moyens. On ne peut pas en vouloir aux enseignants qui se suffisent du minimum. D’où l’urgence d’une conférence nationale pour mettre fin au désordre de la formation, d’autant que nos universités tardent à apporter leur contribution dans les processus de détection et de perfectionnement de l’élite. On enregistre à l’échelle nationale un fort taux déperdition de techniciens du sport qui sont, soit au chômage, soit sous-utilisés. Un audit des ressources humaines dans les secteurs sport et jeunesse révélerait un tas de dysfonctionnements dès lors que le postulat “Adéquation formation-emploi” au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports a depuis longtemps disparu des tableaux de bord. Sur un autre volet, celui de la disponibilité des installations sportives, véritable frein à la promotion des activités physiques et sportives, il convient d’actualiser les instruments juridiques encadrant les conditions de mise à disposition négociées avec les communes, qui gèrent notamment les complexes de proximité devenus des fonds de commerce, les DJS et les clubs des infrastructures sportives au profit des jeunes catégories. Également évaluer, pour les rendre plus performants, les dispositifs spécifiques que sont les pôles sportifs, les écoles de formation des jeunes talents sportifs et les sections sport et étude. De même qu’il faudrait prévoir une convention cadre plus riche entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de l’Éducation nationale et ouvrir le champ à des conventions avec les fédérations sportives et d’autres espaces de formation. Enfin, consentir des financements aux collectivités locales afin d’améliorer les équipements sportifs et les installations au sein des écoles.

ConclusionÀ l’issue de cette analyse non exhaustive, on voit bien que la problématique du sport de performance ne peut faire l’économie d’une réelle prise en charge de l’éducation physique et sportive. Un riche échange d’expériences s’est enclenché ces derniers temps sur la plateforme du Foreps quant au devenir du sport à l’école, d’autant que la Fass, avec un président en poste depuis 2009 et récemment désigné SG du COA, semble se complaire dans la routine. Les ministres des secteurs concernés (jeunesse et sports, éducation nationale) sont interpellés par les défenseurs du sport à l’école pour ouvrir un débat sur le sujet. Dans une société minée par la violence, les maladies, la pauvreté et l’usage abusif par les enfants des réseaux sociaux, l’exercice physique et la pratique compétitive apparaissent plus que jamais des exutoires indispensables à la préservation de la santé humaine.