TEMOIGNAGES. Lot : face aux incivilités des automobilistes, les cyclistes se sentent en danger

Deux décès ont récemment endeuillé la communauté cycliste dans le Lot. Le premier a eu lieu le 23 mars à Castelnau-Montratier, le second le 20 avril à Puy-l'Evêque. L'un avait 97 ans, l'autre 69 ans. Les deux ont trouvé la mort sur la route, percutés par des véhicules. Des accidents qui sont tristement récurrents. Pourtant, très peu de cyclistes osent ou même pensent à porter plainte. "Rien de significatif" en tout cas du côté de la gendarmerie.

Aujourd'hui encore, Gérard ressent des douleurs dans ses vertèbres. Pourtant, l'accident s'est déroulé il y a dix ans. Alors qu'il roulait sur la N20 en compagnie de son frère et de son fils, une voiture le percute par l'arrière. Quatre vertèbres cassées, un ligament abîmé, trente minutes de coma, quinze jours d'hôpital et deux mois de rééducation... Pour Gérard, le bilan a été lourd. "J'ai dû réapprendre à parler, à marcher, à écrire", raconte-t-il.

Ancien cycliste assidu, il espace désormais ses sorties à vélo. "Mon frère et mon fils ne font plus de vélo depuis. Moi je ne me souviens pas de l'accident, alors c'est plus facile. Mais je fais attention, j'évite les routes trop importantes", confie-t-il. "Rien n'a changé en 10 ans. Les voitures ne font pas attention aux vélos. Ils grillent les stops, nous coupent la route, nous dépassent de trop près." Nuance tout de même : pour le cycliste les tords sont partagés. "Les cyclistes actuels ne se démarquent pas assez. Quand on roule, il faut mettre des vêtements fluo !"

Sur les routes de campagne ou dans les villes, même combat

Qu'on soit cycliste amateur ou cycliste professionnel, le risque est le même. Mathieu fait de la compétition au niveau national. Deux fois par semaine, il emprunte les routes départementales du Lot pour s'entraîner. Lui aussi a vécu plusieurs chutes, dont une qui l'a blessé au bassin, parce que les voitures en face n'étaient pas assez vigilantes. "Souvent, les conducteurs ne s'arrêtent même pas quand ils nous touchent avec leur rétroviseur ou nous font tomber", assure-t-il. Pour lui, une seule solution : "plus de contrôles de la part des gendarmes". Dans les villes, ce n'est pas mieux. "Sur les pistes cyclables, il y a des morceaux de verre, du gravier... On risque la crevaison", déplore-t-il.

TEMOIGNAGES. Lot : face aux incivilités des automobilistes, les cyclistes se sentent en danger

C'est un autre genre d'incivilités auxquelles a été confronté Talia, cycliste occasionnelle. Moins dangereuses, mais tout aussi déplaisantes. "J'ai le droit à des remarques déplacées parce que je suis une femme, je me fais siffler. L'été dernier, sur la route de Trespoux, on m'a même jeté de l'eau dessus. Quand je roule seule, je ne me sens pas forcément en sécurité. C'est dégradant", soupire-t-elle.

Appel à la vigilance

"Les routes du Lot ne sont pas adaptées pour les cylistes", concède Raymond Dyszkiewicz, directeur de la Sécurité routière du Lot, refusant tout de même de prendre parti. "Cyclistes et automobilistes doivent donc redoubler de vigilance." Pourtant, en France, 68% des automobilistes assurentredoubler de vigilance à l'abord des pistes cyclables. "Il faut que tout le monde respecte le code de la route", martèle Raymond Dyszkiewicz. "Malheureusement, avec la Covid-19, nous faisons moins de sensibilisation auprès des jeunes automobilistes, dans les collèges et les lycées. Tout le problème vient de là".