Abus sexuels dans l’Église catholique: que dit le rapport Sauvé?

• Les causes

Comme cela avait été demandé par l'épiscopat et les supérieurs majeurs en France lorsqu'ils ont commandé cette enquête, la Ciase replace les abus dans leur contexte sociétal en analysant l'attitude de l'Église sur trois périodes.

De la "crainte du scandale" à la prise en compte timide des victimes: De 1950 à 1970, période pendant laquelle ont eu lieu la majorité des abus (121 000 estimés), prévalent la crainte du scandale et le souci de "sauver" le prêtre abuseur. Le sort des victimes est occulté : on leur demande de se taire.

De 1970 à 1990, période d'un "reflux sensible qui doit être relativisé", la question des violences sexuelles "passe au second plan". L'Église est alors préoccupée uniquement par la crise des vocations.

Abus sexuels dans l’Église catholique: que dit le rapport Sauvé?

Enfin, à partir des années 1990, elle commence à prendre en compte les victimes mais les affaires sont encore largement traitées en interne. Il faut attendre les années 2010 pour que leur reconnaissance émerge avec le développement des signalements à la justice et des sanctions canoniques. Dans le même temps, les abus connaissent une recrudescence au moins apparente et se maintiennent à un niveau significatif. La commission résume l'ensemble de la période en termes "d'occultation, de relativisation, voire de déni avec une reconnaissance toute récente, réellement visible à partir de 2015, mais inégale selon les diocèses et les congrégations".

Pour la Ciase, les abus dans l'Église sont bel et bien un phénomène systémique: "Non que les violences aient été organisées ou admises par l'institution", mais celle-ci " n'a clairement pas su prévenir ces violences, ni simplement les voir, et moins encore les traiter avec la détermination et la justesse requises".