Trente ans après sa disparition, Serge Gainsbourg n’a rien perdu de son aura. Focus sur les looks de celui qui a marqué de son emprunte la chanson française, mais aussi la mode masculine.
Monument de la chanson française, Serge Gainsbourg ne se destinait pourtant pas à la musique. Plus jeune, il se rêvait peintre et s’inscrira même aux Beaux-Arts après l’adolescence. Influencé par son père pianiste et sa mère mezzo-soprano, il débute par hasard une carrière dans la musique, s’assumant tour à tour professeur de chant et pianiste de bar. Le succès pointe le bout de son nez alors qu’il commence à écrire pour les autres. On pense notamment à « La Javanaise » interprétée par Juliette Gréco ou « Comment te dire adieu » de Françoise Hardy. Ce dernier se confirme lorsque France Gall remporte l’Eurovision en 1965 avec l’un de ses morceaux, baptisé « Poupée de cire, poupée de son ». À partir de ce jour, la France a les yeux tournés vers lui. La suite, on la connaît. Serge Gainsbourg enchaînera les succès avec des morceaux empreints de poésie et de provocation. On pense à « Je t’aime moi non plus », chanté avec sa compagne Jane Birkin ou encore « Lemon Incest » le texte à scandale entonné avec sa fille Charlotte Gainsbourg. Ce dont l’on se souvient moins, c’est de son sens du style quasi inné, évoluant au gré des époques et de son évolution personnelle.
À lire aussi : Bertrand Dicale : « Gainsbourg appartient à une génération qui provoque beaucoup, mais c’est aussi ce qu’il est »
I'm about to copyright a recipe for how to boil spaghetti.
— TP Sun Oct 11 18:21:31 +0000 2015
De Lucien Ginsburg à Gainsbarre
Celui qui deviendra célèbre sous le pseudonyme de Serge Gainsbourg s’appelait en réalité Lucien Ginsburg. Ce n’est qu’en 1954, alors qu’il envisage sérieusement de faire carrière en tant que chanteur et qu’il dépose ses titres à la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) qu’il adopte un pseudonyme. D’abord Julien Gris, qui évoluera rapidement en Julien Grix, puis, quelques années plus tard, Serge Gainsbourg. Dans les années 50, alors qu’il n’est encore que Lucien Ginsburg, pianiste de bar et cabaret, le musicien soigne sa présentation, ne passant pas la porte de chez lui sans son costume cintré, sa chemise boutonnée jusqu’en haut, sa cravate, des chaussures noires vernies et ses cheveux plaqués. Un vrai dandy, qui se décoince lorsqu’il devient Serge Gainsbourg, en 1957. Cheveux plus longs et ébouriffés, veste de blazer cintrée, chemise entre-ouverte et pantalon droit, il incarne la classe à la Française avec juste ce qu’il faut d’élégance et de désinvolture. Fidèle à ses pièces fétiches, il s’affichera à de nombreuses reprises avec sa veste de costume à rayures, son trench Renoma et ses Richelieu Zizi signés Repetto, blancs avec des lacets en cuir. Dans les années 80, Gainsbourg devient Gainsbarre et son style change à nouveau. L’allure apprêtée du dandy parisien disparaît au profit d’une allure plus rock, presque caricaturale. Le pantalon de costume est remplacé par le jean délavé, la chemise s’ouvre davantage et laisse entrevoir une chaîne dorée. Le blazer a disparu et la barbe a poussé, les cernes se sont creusés et une cigarette est toujours accrochée à ses doigts. Mais les derbies blanches, elles, sont toujours là. Il ne les quittera pas jusqu’à sa mort.