R�actions du monde des affaires au discours de Ka�s Sa�ed : le pompier pyromane !

Le monde des affaires, de ceux qui créent l’emploi et paient leurs impôts, ont une nouvelle fois manifesté leur mécontentement du discours du président de la République. On a du mal à voir un entrepreneur tunisien dire du bien de Kaïs Saïed, de sa vision et de sa manière de gérer. Voici quelques réactions, elles en disent long sur l’ambiance actuelle dans le monde économique.

Mohamed Ben Jemaa, concessionnaire de BMW et Mini en Tunisie

Je ne connais Elyes Fakhfakh ni de près, ni de loin. Je n’ai aucun jugement ou apriori sur la personne. Mais je le soutiens totalement et sans réserve contre la charge dont son gouvernement a fait l’objet ce soir par notre président de la République. Même s’il y a eu quelques cafouillages ou erreurs dans la gestion de cette crise (et qui n’en a pas fait ? voir exemple de pays comme l’Italie, l’Espagne et même les USA) rien ne justifie cette humiliation publique.

Par ailleurs la charge et l’acharnement contre les détenteurs de capitaux, d’entreprises ou simplement de Tunisiens aisées entamée par certains ministres et confirmée ce soir par le Président n’augure rien de bon. Certes le modèle sociétal et économique doit être repensé, ajusté et amélioré dans le sens d’une meilleure justice et équité, mais ce n’est ni le moment de le faire, ni encore et surtout la bonne manière.

Tarak Lassadi, directeur de l’agence de voyages Traveltodo

Je suis entrepreneur, je ne suis pas un homme d'affaires !!

M. le Président, l'État m'a pris 10 fois plus que ce que j'ai pris de l'État !!!!

Je suis prêt à vous challenger, envoyez-nous l'un de vos collaborateurs, on lui montre en toute transparence notre comptabilité depuis notre création et on fera un pari:

Si on a raison, vous démissionnez !!

M. le président, sachez que je ne suis pas seul, des milliers d'entreprises sont dans mon cas, sans lesquelles vous ne pourrez avoir votre fonds de roulement de 130 millions de dinars ( pour une présidence qui nous coûte très cher, car pas du tout productive: aucun investisseur étranger ramené, aucun gros projet annoncé...)

Pourquoi M. le président, vous ne nous parlez pas des milliards de dinars qui circulent dans le noir ? A votre place et si vous parlez d'équité, je commence par ces gens là, je ne commence pas par les entreprises qui font de l'optimisation fiscale, ou ne paient que la moitié (ce qui est interdit, je vous l'accorde), mais il est plus judicieux de taper en premier sur ceux qui ne payent rien, puis s'occuper de ceux qui ne paient que la moitié !! N'est-ce pas ??

Pourquoi M. le président vous ne nous parlez pas des milliards de dinars de pertes des entreprises publiques (payés par le contribuable), à cause de votre (l'État) mauvaise gestion ?!

R�actions du monde des affaires au discours de Ka�s Sa�ed : le pompier pyromane !

Pourquoi M. le président vous ne nous parlez pas des milliards de dinars qu'on peut économiser, si on voit de plus près les marchés publics, les pots de vins de certains de vos collègues, la surfacturation, la mauvaise gestion de ressources humaines, les administrations surpeuplées, gestion archaïque coûteuse...

M. le président, vous êtes en train de mener une fausse guerre et c'est dommage! Notre ennemi commun est le Coronavirus !! On est trop faibles, on ne peut plus faire d'autres guerres ni révolution !!

Lisez Nelson Mandela SVP, et allez voir l'économie de l'Afrique du Sud aujourd'hui, apprenez de ceux qui réussissent !!

PS : vous voyez que ma lettre est courte, car je veux consacrer plus de temps à l'action, mon entreprise m'attend...

Khaled Abdeljaoued, directeur dans une société de télécom du groupe OneTech

Dans un post ironique, il s’interroge quelle est la définition du mot spéculateur à qui le président de la République veut infliger les pires sanctions

Ahlem Hachicha Chaker, cadre supérieur

J'ai travaillé mon vocabulaire. J'ai appris plein de nouveaux mots ce soir : interloquée, estomaquée, médusée, ébahie, éberluée, abasourdie, stupéfiée, je dirais même stupéfaite.

Comment vous dire? J'ai vu comme vous que le Président attend toujours la réactivation de son forfait téléphonique mensuel. Il a fait un truc utile et un truc pas utile pour occuper son temps. Il a libéré des prisonniers. Oui, ça c'est une bonne chose. Nos prisons sont pleines de gens qui n'y ont rien à faire. Et qui ne devraient pas y être avec cette pandémie. L'autre truc? Je ne saurais vous expliquer. Il présidait le Conseil de Sécurité. Il a parlé. Mais il y avait un décalage entre l'image du Chef des Armées présidant le Conseil de Sécurité et les mots qui sortaient de sa bouche. En fait, il est clair qu'il ne fait pas la différence entre la table du café à Mnihla et la table du Conseil de Sécurité. Stupéfiant.

Ce qui fait plaisir à voir, par contre, c'est de voir que le Président aussi a fait des fricassés pour le confinement. Lui aussi a pris du poids. Lui aussi s'est arrondi. Au moins, nous serons unis sur la balance de la salle de bain, à défaut de la balance budgétaire.

Nous avons été tellement unis et sages dans notre confinement qu'on nous offre deux semaines de plus. La 1ère semaine a été celle des fricassés, du pain aux céréales, de la pavlova. La 2ème semaine sera celle des pizzas, pâtes à la boutargue et tarte au citron? D'ici au 19 avril, vous en serez à manger des coquillettes au beurre, n'est-ce pas?

Karim Guellaty, directeur de sociétés de technologies et administrateur de sociétés (dont BN)

J'ai écouté le discours de notre président Kais Saied. Puis je l'ai réécouté. Puis une troisième fois. Puis je suis tombé dans le fond de mon fauteuil de bureau où je suis encore (23h30 NDLR).

C’est bien! QUI CONSEILLE NOTRE PRESIDENT ?

On part en guerre contre une crise sanitaire majeure, mondiale.

Et alors qu’on voit la courbe du drame monter, alors que les chiffres ne se multiplient plus, mais deviennent exponentiels, alors qu’on sait que le tribut à payer à ce virus sera lourd en vies et tragique en humains, on fait servir à Kais Saied, président de tous les Tunisiens ce discours!!

Chef de armées, on le fait nous mener à la guerre en nous divisant, en suspectant les uns, en incriminant les autres, en victimisant certains, en accusant beaucoup.

Au lieu de rassurer, au lieu d’encourager, au lieu d’aider, on lui fait invectiver les uns au nom des autres, mais on ne lui fait rien faire pour personne.

Notre président élu par 73% des Tunisiens, chef des armées, on le fait nous amener à la guerre, nous faire prendre les armes, non pas contre le virus dont il n’a pas parlé, mais contre d'autres qu’on lui a fait juger sans autre forme de procès comme responsable de la faim. (…)

Quand la guerre s'annonce, un chef donne des armes et nourrit ses soldats, son peuple. On attendait des annonces, des mesures, qu'il nous distribue à tous les armes dont chacun a besoin. On l'a fait se contenter de nous expliquer pourquoi on n'aurait rien! Dans le discours qu'on lui a écrit, il était ni chef, ni Etat. Un simple va t-en guerre qui a hurlé dans le désert de la misère, de la peur, de la mort.

Quant le monde s’armait contre le Covid-19 tueur qui arrivait, on lui conseillait de faire des câlins à tous ceux qu'il croisait! Quand le monde réfléchissait à comment gérer ce drame qui allait se jouer, on lui faisait remuer ciel et terre pour savoir comment un athlète franco-israélien avait fait pour venir jouer au tennis en Tunisie.

Ceux qui mourront en Tunisie du coronavirus, et c'est les larmes aux yeux que je l'écris, mourront non pas en malades, mais en martyrs, jetés en pâture du virus par les conseillers du Président obnubilés par le populisme du discours.

Ils ont voulu le présenter comme le porte parole de la fronde sociale qui s’annonce. En français, il y a une expression pour ça : le pompier pyromane!

Le peuple le jugera. L’Histoire l’ignorera. Quant à la condamnation, il a droit à ceux qui le conseillent.

Monsieur le Président, oubliez ce qu'on vous conseille, écoutez-vous, adoptez la fonction, prenez la posture, aidez-nous! Tous!