La scène est incroyable. Il est 10 h 10, le lundi 7 septembre dernier, quand une voiture s'arrête brièvement devant l'hôpital d'Arpajon dans l'Essonne.
Le corps d'un homme seulement revêtu d'un pantalon de survêtement est jeté d'une voiture grise dont le conducteur prend la fuite.
Quand les policiers arrivent, un quart d'heure plus tard, il n'y a plus rien à espérer pour ce trentenaire encore non identifié. Un drap blanc recouvre la victime que les urgentistes du Samu ne sont pas parvenus à réanimer.
L'homme présente un corps fracassé, des traces de coups nombreuses et des marques de défense. L'autopsie révélera finalement que son décès semble consécutif à un traumatisme crânien. Le top départ du guet-apens donné depuis une cellule de Vivonne Une enquête pour meurtre débute et déroule rapidement des fils qui relient la région parisienne à celle de Poitiers. La victime est identifiée comme un habitant de Mignaloux-Beauvoir, Khaled B., 37 ans. Dès le lendemain de sa disparition nocturne, sa femme s'était manifestée. Elle confiait aux enquêteurs qu'il avait retrouvé en juillet d'anciens amis du milieu de la drogue et qu'il avait des problèmes avec eux. « Vous inquiétez pas madame, on va vous ramener Khaled », lui assurait un mystérieux interlocuteur en pleine nuit.
Vous inquiétez pas madame, on va vous ramener Khaled
Un mystérieux interlocuteur à la femme de la victime dans la nuit du drameLa nouvelle du décès de la victime avait vite couru dans certaines cités poitevines. La victime est loin d'être un inconnu pour les enquêteurs locaux. Ils le soupçonnent de se livrer à du trafic de stupéfiants en rapportant de Rotterdam la cocaïne par kilos.
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— Eta Omicron Nu Mon Mar 12 14:04:05 +0000 2018
Les images des caméras de surveillance de l'hôpital d'Arpajon permettent d'identifier un Renault Captur gris qui sera retrouvé brûlé deux jours plus tard vers Nanterre. Cette voiture avait été dérobée à Niort un an plus tôt.
Ce véhicule, il est retrouvé sur d'autres images, celles de la station-service Total de Mignaloux-Beauvoir. C'est là que le portable de la victime a cessé d'émettre dans la nuit du dimanche 6 septembre. C'est là que d'autres portables identifiés comme ayant un lien avec celui de la victime sont repérés et tracés.
Ils dessinent un trajet depuis Brétigny-sur-Orge jusque vers Poitiers et Mignaloux puis un retour vers 4 h du matin après un périple entre les cités de Bel Air et de Beaulieu.
À la mi-janvier, les enquêteurs de la PJ de Poitiers désormais saisis du dossier sont passés à l'action, interpellant une demi-douzaine de suspects. Le parquet avait confié à un juge d'instruction du pôle criminel l'enquête pour enlèvement et séquestration en bande organisée suivis de mort. Piège Si Khaled B. s'était rendu ce dimanche soir à un rendez-vous urgent à la station-service, c'est qu'il avait reçu vers 23 h un coup de téléphone d'un jeune de Bel Air auquel il revendait du produit, selon la justice. Ce soir-là, Ousmane (1) jouait l'entremetteur pour un homme venu de la région parisienne. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Poitiers a refusé, mardi 26 janvier, la mise en liberté du jeune homme de 19 ans.
Le top départ de ce guet-apens au sein du milieu des revendeurs de stupéfiants, semble parti directement d'un détenu du centre pénitentiaire de Vivonne, selon la justice.
Il manque une pièce au puzzle assemblé pièce par pièce par les enquêteurs et la justice. Quel compte devait-il être soldé entre les différents protagonistes de ce qui est présenté comme une « opération concertée » où chacun avait son rôle ? Le guet-apens visait-il à dérober ce soir-là plusieurs kilos de cocaïne à Khaled amené dans un piège ? Un trésor à 115.000 € ?Depuis leur arrestation, les suspects livrent des versions qui s'entrechoquent parfois avec les éléments recueillis. Une histoire rocambolesque chasse l'autre et ils évoquent trois Espagnols « montés » à Poitiers pour récupérer une grosse somme qui leur aurait été volée : 115.000 € confiés à deux hommes qui se seraient partagé le trésor qu'ils devaient rapporter en France.