Le budget 2022 d'Orléans Métropole adopté : "on serre les boulons"

Politique
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ParAntoine Denéchère, France Bleu Orléans
Saint-Jean-le-Blanc

Les élus ont adopté ce jeudi soir le budget 2022 d'Orléans Métropole, et examiné le plan d'investissements jusqu'à 2026. Au menu : des économies sur les dépenses de fonctionnement (mais pas de suppressions d'emplois) et le renoncement à certains investissements. Les élus de gauche ne l'ont pas voté.

Ce vote important pour la Métropole intervient après la crise intervenue en fin d'année dernière au sein de la collectivité, qui a conduit à la démission du socialiste Christophe Chaillou, mis en minorité justement au sujet des finances et du budget d'Orléans Métropole.Serge Grouard, lors de son élection comme président, avait insisté sur "les difficultés financières lourdes" de la Métropole et la situation dégradée selon lui.

38 élus (sur 89) ne votent pas le budget principal 2022

Sans surprise, le débat, ce jeudi, a donné lieu à une passe d'armes entre des élus de gauche et la nouvelle majorité aux commandes de la Métropole. Sur 89 élus, 23 élus se sont abstenus (dont les maires de St-Jean-de-Braye, St-Jean-de-la-Ruelle, Bou...) et 15 se sont abstenus (la maire PCF de Saran, les élus de gauche d'Orléans). Notez que l'élue LREM (et députée) Stéphanie Rist a voté pour, à l'unisson de la majorité de droite et du centre à la tête de la Métropole.

Pas de hausse d'impôts en 2022

Dans le détail, le budget primitif 2022 adopté ce jeudi s'élève à 511 millions d'euros, contre 567 millions d'euros en 2021."Nous avions deux choix : soit augmenter les impôts des ménages, et nous nous y refusons*, soit faire des économies et renoncer à certains investissements", explique le président d'Orléans Métropole qui a salué "le travail très important fourni ces dernières semaines pour éplucher ligne par ligne tous les postes budgétaires et réaliser un travail très fin. Je n'avais jamais vu un tel travail en près de 25 ans d'engagement en tant qu'élu local".

Des économies dans les dépenses de fonctionnement sont donc prévues cette année (de l'ordre de 9,6 millions d'euros). Cela concerne les subventions au sport de haut niveau ("nous revenons au niveau de subventions que chaque commune versait avant le transfert de compétences à la Métropole en 2018, et nous arrêtons les subventions exceptionnelles aux clubs, soit une économie de 300000 euros par an", indique le vice-président en charge des finances Michel Martin). Des dotations versées à certaines structures, comme l'agence d'urbanisme TOPOS, l'office de tourisme métropolitain, et certaines subventions au monde économique, sont également diminuées. Enfin, sans entrer dans les détails, Serge Grouard indique avoir "demandé aux services de baisser de quelques pourcents leurs budgets".

Le budget 2022 d'Orléans Métropole adopté :

Le président d'Orléans Métropole assure que "contrairementcertaines craintes entendues ici ou là, on ne touche pas aux dépenses de personnel et on ne supprime évidemment aucun poste : les agents sont les fers de lance des politiques que l'on met en oeuvre"

Investissements revus à la baisse

Les investissements ont également été revus, à la baisse, dès cette année : ils s'élèveront à 108,8 millions d'euros en 2022 ("contre 126 millions d'euros prévus" par la précédente équipe). "Nous devions absolument inverser la tendance", explique Serge Grouard, "si rien n'était fait, Orléans Métropole allait avoir une dette d'un milliard d'euros en 2026 et une épargne négative à partir de 2024 : or, la capacité d'épargne est notre capacité d'investissements de demain ! J'assume cette décision mais attention, l'investissement reste supérieur à celui des mandats précédents".

Car justement, le plan pluri-annuel d'investissements (jusqu'en 2026) a été dévoilé : il sera de 723 millions d'euros pour le budget principal, en diminution de 260 millions d'euros par rapport à ce qui était prévu.

Serge Grouard indique "mettre le paquet" sur deux priorités, la transition économique et énergétique (64 million d'euros, dont 40 millions pour développer les énergies renouvelables) qui est "un budget que l'on sanctuarise", ainsi que les dépenses de proximité pour les voiries, l'éclairage public (191 millions d'euros prévus pour les voiries, infrastructures, aménagements cyclables), sans compter les investissements déjà lancés (la réalisation de la grande salle Come't, le soutien à l'enseignement supérieur et à la recherche, et évidemment les transports en commun).

Certains investissements sont toutefois abandonnés ou repoussés : certes, 36,7 millions d'euros seront consacrés à la réfection des voiries structurantes, mais pour la RD220 Nord, la RD 960 à Saint-Jean-de-Braye, l'avenue de Saint-Mesmin et le Faubourg Bannier, les choses sont renvoyées à une "clause de revoyure" en 2023.

Serge Grouard : "Orléans n'est pas privilégiée"

Mais c'est le budget d'investissement de 19 millions d'euros pour réaménager les mails (ou grands boulevards) à Orléans, dans le PPI, qui a cristallisé les débats et tensions. Serge Grouard explique que le projet a été revu à la baisse et que le réaménagement de la partie des mails située près du théâtre ne sera pas réalisé durant ce mandat (tout comme le projet de parking dans ce secteur), la preuve selon le maire LR d'Orléans que "la ville centre n'est pas privilégiée".

Mais à gauche, plusieurs élus sont intervenus pour s'étonner de découvrir cette importante ligne budgétaire concernant les mails orléanais dans le plan pluri-annuel d'investissements (et la dénoncer). Vanessa Slimani, maire PS de Saint-Jean-de-Braye et vice-présidente d'Orléans Métropole, a par exemple, regretté ce choix et "inviter les élus orléanais à sortir d'Orléans pour aller à Saint-Jean-de-Braye et constater à quel point la voirie est dégradée sur la D960". L'élue socialiste a globalement regretté que "la CFE (contribution foncière des entreprises, ex taxe professionnelle, payée par les entreprises) n'ait pas été interrogée", que des "coupes importantes aient été actées pour les voiries communales" et que certains projets, comme "L'escale" à Combleux, important sur le plan économique et touristique, aient été abandonnés. Vanessa Slimani a raillé Serge Grouard qui "parle environnement et transition écologique" mais fait des choix "surtout orléanais".

Maryvonne Autin, maire communiste de Saran, a, elle, dénoncé la baisse des subventions allouées au Saran Loiret Handball dans ce PPI, et lancé : "la Métropole voit trop grad, elle doit se concentrer sur des projets qui rendent vraiment service aux habitants au quotidien".

Le socialiste Christophe Chaillou, maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle, et ex président d'Orléans Métropole, a pris la parole pour ironiser sur "de sacrés numéros d'acteurs" au sein de la (nouvelle) majorité : "la palme revient à Florent Montillot, je garde en mémoire le débat sur le projet de piste de BMX à la Chapelle Saint-Mesmin" (projet qui bénéficie finalement du vote d'un fonds de concours d'un million d'euros, voté ce jeudi, par Orléans Métropole), "il disait alors découvrir ce projet, et expliquer qu'il ne se ferait jamais. Aujourd'hui, il vote le budget qui prévoit un fond de concours pour cette poste de BMX, je salue cette capacité" à changer de pied "en deux mois".

Serge Grouard, en conclusion a regretté "le jeu de rôles observé"ce jeudi soir : "il y a eu une très large concertation, nous avons eu de larges échanges lors de nos réunions, nous avons d'ailleurs intégré la piste de BMX, le terrain d'accueil des gens du voyage après des échanges. Nous avons construit ce budget et ce PPI dans un esprit de concertation et de participation, chacun avec ses attendus et sa vision des choses et nous étions arrivés, je crois, à un consensus. Et ce soir, je vois des critiques, souvent constructives, mais parfois virulentes et avec même des contre-vérités à travers des chiffres qui sont faux".

* le "versement mobilité" perçu auprès des entreprises sera toutefois réhaussé, le taux passant de 1,8 à 2% au 1er juillet 2022 ("comme dans toutes les Métropoles en France", assure Serge Grouard)