L’armée israélienne a été mise en état d’alerte, samedi 27 novembre, pour retrouver environ 800 personnes suspectées d’avoir été infecté par le nouveau variant Omicron du Covid-19. En ce shabbat d’avant Hanoukka, les médias se sont immédiatement embrasés, réveillant les peurs d’une nouvelle vague, alors que l’État hébreu se croyait sorti de l’épisode Covid.
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Depuis seuls deux cas du variant ont été confirmés. Une douzaine de cas suspects ont été recensés, sans que cela cause pour l’heure de soucis majeurs. Les premières observations démontrent que le variant, s’il est plus contagieux, n’est pas plus virulent.
Il y a deux semaines, les autorités sanitaires israéliennes avaient répété un scénario similaire avec une logique militaire rigoureuse, l’arrivée d’un variant plus contagieux et affectant gravement les enfants, nommé Oméga. Elles ont décidé en conclusion qu’il était crucial de repérer le nouveau variant le plus tôt possible, et de répondre immédiatement de manière énergique.
Le temps de réaction, une victoire en soi
Samedi soir, après une réunion extraordinaire du cabinet interministériel chargé de la pandémie, le gouvernement a donc annoncé des mesures radicales, dont la fermeture des frontières. Pour les experts, ce temps de réaction est une victoire en soi. « Nous avons beaucoup progressé depuis quelques mois, dit Nadav Davidovich, directeur de l’école de santé publique à l’université Ben-Gourion et membre du conseil d’experts auprès du gouvernement. Nous nous sommes améliorés sur le séquençage génétique, le traçage de contacts et aussi sur le partage d’informations avec d’autres pays. »
L’entrée sur le territoire est interdite aux non-résidents au moins jusqu’au 13 décembre. Les autres seront mis en quarantaine avant de montrer deux tests PCR négatifs. Cette fermeture frustrera certaines familles, qui avaient sans doute prévu de se retrouver pour les fêtes de Hanoukka, qui ont commencé dimanche.
Elle aura surtout un coût économique : Israël avait beaucoup misé sur le retour des touristes après la réouverture de ses frontières le 1er novembre. Mais le gouvernement « préfère faire une erreur et accorder des compensations aux professionnels du tourisme ensuite, plutôt que de prendre le risque de voir l’économie entière s’écrouler », a dit le ministre du tourisme Yoel Razvozov à un journal télévisé de la chaîne Reshet 13.
Les personnes infectées tracées électroniquement
L’autre mesure prise par le gouvernement est plus controversée. Le cabinet a autorisé en urgence le traçage électronique des personnes infectées par le Shin Bet, le service de renseignement intérieur. C’est une mesure à laquelle beaucoup s’opposent, et qui risque de nuire au capital de confiance du gouvernement qui en a pourtant besoin. Dans le pays du tout-vaccin, plus d’un million de personnes refusent toujours de prendre la troisième dose, bien qu’elle soit accessible à tous les adultes. La campagne de vaccination des 5-11 ans, qui a commencé la semaine dernière, peine elle aussi : plus de la moitié des ménages ne veulent pas encore vacciner leurs enfants.
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Si la plupart des réservations touristiques ont été annulées, les nouvelles restrictions n’ont pas empêché les départs : plus de 23 000 personnes se sont ainsi envolées de l’aéroport Ben-Gourion dimanche. La routine des Israéliens est de moins en moins affectée par la pandémie – l’annonce du nouveau variant a laissé rapidement sa place en une des journaux aux négociations sur le nucléaire iranien qui débutaient lundi à Vienne.