Marché : Pas de panique, le S&P est coutumier des comebacks spectaculaires

(BFM Bourse) - Particulièrement volatil en ce début d'année, le S&P tangue et tutoie désormais les 10% de baisse depuis son sommet atteint le 3 janvier. L'histoire montre toutefois qu'il termine l'année sur une hausse à deux chiffres dans 40% des cas depuis 1928 lorsqu'il entre en zone de correction dans le courant de cette année-là.

Mercredi et jeudi, le S&P a effacé plus de 2% de gains avant de boucler la séance dans le rouge. Un tel enchaînement ne lui était arrivé qu'une fois auparavant au cours des 40 dernières années, selon les données de Bloomberg, et c'était en octobre 2008, soit au plus fort de la crise financière. Exacerbée par l'indécision de la Fed quant à l'évolution de sa politique monétaire et les tensions géopolitiques, notamment en Ukraine, la volatilité -calculée par l'indice VIX- a également atteint au cours de la semaine un niveau plus observé depuis 2020. Et l'indice élargi flirte désormais avec le territoire de correction fixé à 10% (-9,7% depuis son record historique du 3 janvier àla clôture de ce jeudi).

Il convient pourtant de ne pas paniquer selon le directeur adjoint des investissements de Mirabaud John Plassard, qui rappelle que "les mouvements de marché que nous connaissons depuis le début de l’année ne sont pas extraordinaires".

Marché : Pas de panique, le S&P est coutumier des comebacks spectaculaires

Si l'on se réfère à l'histoire, on constate en effet que les baisses au cours d'une année civile sont largement communes depuis la crise de 1928. "Dans 95% des cas par exemple, le S&P baisse de 5% ou plus, et dans 63% des cas de 10% ou plus" relève l'expert. Si l'indice n'a connu qu'un seul "bear market" (chute de 20% ou plus) depuis 2009, en 2020, il a chuté dans ces proportions ou plus 24 fois au cours des 94 dernières années. "Si on exclut les violents sursauts qu’ont connus les marchés entre 1928 et 1950 (guerres, crises, récessions, etc.), on peut faire plus ou moins le même constat" souligne John Plasard. "En effet, sur cette période de 72 ans, il y a eu 36 corrections, 10 "bear markets" et 6 "krachs" (plus de 30% de baisse)" énumère-t-il.

Une correction sans doute normale

Le S&P entre donc en zone de correction une année sur deux depuis 1950, mais les "bear markets" et "krachs" se raréfient depuis la crise de 2008 et "il est plus probable que nous soyons en train d’assister à une "correction normale plus qu’au début d’un krach historique" estime l'expert.

Mieux, l'histoire (toujours elle) nous apprend également que, dans 40% des cas depuis 1928, le S&P a baissé de 10% ou plus dans le courant d'une année civile tout en terminant à +10% ou plus au 31 décembre de cette même année. "Concrètement cela signifie que si la perte sur le S&P 500 devait dans les prochains jours/semaines être de 10% ou plus (depuis le 1er janvier), cela n’empêcherait pas l’indice de terminer avec une performance de 10% ou plus à la fin 2022" explique John Plassard.

Parmi les "comebacks" les plus notables de l'histoire de l'indice, celui de 2020 figure en bonne place. Le S&P avait en effet abandonné près de 34% au plus fort de la panique des marchés en mars 2020 (par rapport au 1er janvier), avant de boucler l'année sur un gain de 18%. Il avait également rebondi de plus de 50% en 2009 (de -27,6% à +25,9%) ou encore en 1980, lorsque la politique (voire la guerre) menée par Paul Volcker, alors président de la Fed, contre l'inflation commençait à porter ses fruits.

Quentin Soubranne - ©2022 BFM Bourse