À une encablure du Cimitero Monumentale et à équidistance de Chinatown et d’Isola, la Via Ceresio abrite, depuis septembre 2010, le quartier général de Dsquared2, success story notoire du prêt-à-porter de ces vingt-cinq dernières années. Une fois passé le porche, les créateurs de la marque, Dean et Dan Catenacci, dits Caten, ont deux options. Rejoindre, à gauche, leur pied-à-terre milanais de trois étages. Ou, à droite, leurs bureaux et ateliers de création dans un bâtiment également dédié aux plaisirs puisqu’il recèle, au sous-sol, un grand gymnase, un spa Biologique Recherche doté d’équipements dernier cri de thalasso, balnéo et cryothérapie et, sur le toit, un restaurant panoramique encadré de deux piscines. Aménagé par le cabinet d’architecture Storage Associati, avec l’aide de Dimorestudio pour le design du restaurant et de la terrasse, ce lieu dont le lobby – habillé par des images vidéo et une playlist dédiée – donne le “la”, est à l’image de ses propriétaires.
Célèbres pour leurs jeans déchirés ornés de taches de peinture ou brodés d’écussons, Dean et Dan Caten ont bien plus à offrir dans leurs 85 points de vente disséminés aux quatre coins du monde : costumes, robes, chemises, polos, jupes, doudounes, sneakers, lunettes de soleil, maroquinerie, parfums… ils habillent et accessoirisent hommes, femmes et enfants en toute circonstance. À l’instar de leurs concurrents, ils ne vendent pas seulement des vêtements mais un style de vie, amplement documenté par les programmes de télévision qui leur sont consacrés ou qu’ils produisent eux-mêmes, sous l’intitulé Catens Uncut, soit “Les Caten en version non censurée”. Dans ces vidéos, consultables sur YouTube, le duo tiré à quatre épingles et arborant des sourires Ultra Bright, semble aussi à l’aise dans ses ateliers que sur les pistes de danse. En cette ère globale, où l’horizon indépassable du bonheur consiste à gagner des millions, faire des selfies à l’arrière d’une limousine, la fête à Ibiza et Mykonos, et à publier tout cela sur les réseaux sociaux, les Caten incarnent leur marque comme personne. Et pour cause : le fait qu’ils soient nés à quelques minutes d’intervalle, le 19 décembre 1964, redouble l’image de leur réussite, même s’ils sont loin d’être identiques et se plient volontiers au jeu de l’interview séparée.
How to Start a Nonprofit Homeless Shelter: 11 Steps https://t.co/p5uGkezkZm
— Elizabeth Tue Jun 21 02:40:05 +0000 2016
Moins exubérant et plus costaud que Dean, si l’on en croit le reportage Mykonos : la folie des îles grecques, diffusé en 2014 sur M6, Dan Caten franchit les hautes portes de bronze qui donnent au bureau présidentiel des allures de forteresse, et s’installe dans un fauteuil en cuir. Il porte une chemise de bûcheron ocre orangé et vert bouteille, avec une cravate, sur un pantalon moulant également ocre et des bottines. À la différence de Dean, cet éternel jeune homme, au regard azur, ne fume pas et s’entraîne tous les jours à la gym. Une fois les lourds vantaux refermés, il raconte leur enfance à Willowdale, une vingtaine de minutes de Toronto, la plus peuplée des métropoles canadiennes. “Nous n’avions que deux chambres : une pour les quatre garçons, une autre pour mes cinq sœurs, et ce sont mon père et mes grands-parents qui nous ont élevés. Avec Dean, on avait inventé un petit code pour communiquer entre nous. On chantait tout le temps, des chansons de Neil Diamond, Grace Jones, Donna Summer, on adorait la mode, et on faisait mille choses avec les tissus et les boutons que mon père avait rapportés de son magasin. Notre passion des vêtements vient, sans doute, du fait qu’étant les benjamins de la famille, nous n’en avons jamais acheté, nous portions ceux de nos grands frères. Mon père n’était pas souvent là et ma grand-mère nous apprenait à faire du pain, des lasagnes, des pizzas et des beignets. On a été responsables très jeunes, on nettoyait la maison, lavait notre linge, sans jamais nous disputer.”