Qui est Bri Steves, la rappeuse adoubée par Kendrick Lamar et Missy Elliot ?

En janvier dernier, Bri Steves révélait au monde son single Anti Queen. La vidéo qui l’accompagne s’ouvre sur une séance photo où la musicienne arbore un look absurde, un body ultra décolleté et échancré associé à une énorme veste à volants façon princesse. Le tout porté avec une perruque rose et un maquillage très prononcé, sur des talons vertigineux argentés, infernaux. Dans cette tenue façon papier de bonbon, elle est dirigée par une photographe qui exige d’elle des cambrés, des déhanchés, et qui l’incite à adopter des attitudes vendeuses... Sorte de manifeste, Anti Queen adresse un contre-pied aux stéréotypes féminins de l’industrie musicale, qui chosifient souvent la femme en un pur produit sexuel. Plus loin dans la vidéo, Bri Steves reprend des looks iconiques de figures fortes qui ne se sont pas pliées à ces clichés (Lauryn Hill, Erykah Badu, Aaliyah...) et qui ont su s’imposer grâce à leur talent, leur musique et leur personnalité. “Vous dites que je ne suis pas une reine, parce que je parle comme ci, et que j’agis comme ça [...]/ Parce que j’ai avorté, que je n’ai pas de roi, pas de bague à mon doigt”, rappe-t-elle.

Qui est Bri Steves, la rappeuse adoubée par Kendrick Lamar et Missy Elliot ?

“Dans mes vidéos, je fais en sorte de montrer des endroits où j’ai vécu et que je fréquente réellement, pour qu’on comprenne que ce que je propose n’est pas un produit fabriqué : je mets en avant la personne que je suis vraiment.”

Dans une époque où la puissance de l’image et l’accessibilité de ses technologies s’agrègent à la banalisation de la chirurgie esthétique, aux filtres Instagram et au triomphe des influenceuses, pour plusque jamais transformer la femme en une marchandise divertissante et appétissante, Bri Steves revendique une authenticité rafraîchissante. À ses grosses boucles d’oreilles, ses tresses, ses ongles longs, elle couple souvent des tenues baggy confortables, et se décrit comme une grande fan de sneakers. Son look tomboy, sa voix grave et sexy, sa capacité à se montrer autant à l’aise dans le rap que dans le chant, font nécessairement penser, plutôt qu’aux Cardi B contemporaines, aux grandes figures des années 90-2000, Lauryn Hill, Alicia Keys ou Missy Elliott. Récemment, cette dernière lui rendait d’ailleurs un hommage dans une émission de télévision : “Bri Steves est une artiste qui n’entre pas dans les cases. Son message me rappelle la personne que j’étais au début de ma carrière, quand on essayait de me classer dans une catégorie ou une autre.” Lorsqu’on l’interroge au sujet de cet hommage intimidant, Bri Steves débite d’une traite, enthousiaste : “Missy Elliott a eu une carrière parfaite, elle a tout fait. Elle était rappeuse, chanteuse, productrice. Elle est vraiment un modèle pour moi.” Pour ironiser sur les attentes du public contemporain du rap et du R’n’B en matière de dévoilement féminin, Bri Steves a inventé son alter ego, Ashleigh, tatouée et fan de lingerie fine, qu’elle met en scène sur son compte Instagram face à un miroir, pour interroger les différentes facettes de la féminité.