Le mouvement "No-Bra" qui consiste à s’émanciper du soutien-gorge est de plus en plus plébiscité par les Françaises. L’occasion de se questionner sur ses éventuelles conséquences… Que se passe-t-il lorsque l'on arrête de porter un soutien gorge ?
Lors du confinement, les Françaises âgées de 18 à 25 ans ont découvert le confort du "No-Bra", tendance qui consiste à ne plus porter de soutien-gorge. C’est ce que confirme une étude de l’Ifop, sortie en juillet dernier, qui montre notamment que la proportion de Françaises ne portant plus de soutien-gorge est passée de 4 % avant le confinement à 18 % aujourd’hui chez les moins de 25 ans.
Face à cette pratique qui semble perdurer, beaucoup s’interrogent sur les éventuelles conséquences néfastes. Selon Carole Maître, gynécologue, le non-port du soutien-gorge ne comporte aucun risque pour la peau ou le vieillissement des seins.
"La seule réserve serait pour les femmes en surpoids ou celles qui ont une forte poitrine." Autre cas de figure, les femmes qui exercent une pratique sportive : "Faire un marathon sans soutien-gorge peut entraîner un étirement des petits ligaments."
Les seins ne tombent pas davantage sans soutien-gorge
Jean-Denis Rouillon, médecin du sport et auteur d’une étude sur le sujet, parue en 2013, a lui eu l’occasion d’observer chez certaines femmes adeptes du "No- Bra" la disparition de petites vergetures au bout de six semaines.
En revanche, il signale le cas des femmes qui à la ménopause connaissent un relâchement du tissu conjonctif : "On remarque alors une prise de poids des seins, ce qui peut entraîner des cervicalgies, des dorsalgies ou même des syndromes canalaires lorsque les bretelles compriment les nerfs."
S’il n’encourage pas les femmes à jeter leurs soutiens-gorge, notre expert les invite toutefois à "passer à des brassières, sans élastiques".
À lire aussi
How to Close a Wound During First Aid:http://bit.ly/119doS#Iranelection #FirstAid #Neda
— FirstAidSupport Sun Jun 21 02:43:29 +0000 2009
Bien choisir son soutien-gorge
Opter pour des soutiens-gorge en matières naturelles, non traitées, et une armature compatible avec son galbe. Pour les fortes poitrines : des modèles sans armatures, avec des bretelles bien plates, ajustées, qui ne marquent pas la peau, permettent un bon maintien.
Ne pas porter de soutien-gorge renforce le soutien naturel
Si certaines Françaises sont friandes de la lingerie fine, Jean-Denis Rouillon met en garde sur la matière de certains soutiens-gorge. "La plupart sont en matière synthétique, des tissus enduits. Le pire ce sont les 'antiodeurs' ou 'antibactériens'. Si cette chimie rajoutée est infime, elle suffit à induire de l’eczéma ou des irritations."
Quant au push-up, vedette des années 90, il est aujourd’hui sujet à débats. La raison : avec son système de baleines, ses renforts sont très compressifs : "Le push-up peut couper la circulation sanguine, voire la circulation lymphatique. Et cela peut abîmer la peau", ajoute Jean- Denis Rouillon.
Selon lui, il est important que l’apesanteur s’exerce sur les seins, car c’est ce qui renforce les tissus de soutien naturel. "Si vous mettez une ceinture lombaire alors que vous n’en avez pas besoin, et que vous l’enlevez, cela sera catastrophique. Toutes ces orthèses sont contre-productives car le tissu conjonctif est extrêmement important. Malheureusement, on n’en parle jamais."
À lire aussi
En vidéo : "No-bra" : De plus en plus nombreuses à laisser tomber le soutien-gorge
"Enlever son soutien-gorge, c’est montrer l’immense diversité des seins réels"
Trois questions à Camille Froidevaux-Metterie, chercheuse et professeure de science politique, auteure de "Seins, en quête d’une libération" (éditions Anamosa).
Qu’est-ce qui pousse les femmes à ne plus porter de soutien-gorge ?
Il y a la recherche du confort mais aussi la volonté d’accepter leurs seins tels qu’ils sont, sans les couler dans le moule des soutiens-gorge coqués ou rembourrés. Enlever son soutien-gorge, c’est laisser voir la chair mouvante des seins, les tétons également. En un mot, c’est montrer l’immense diversité des seins “réels” des femmes.
Le soutien-gorge a été conçu pour libérer la femme. Comment en est-on arrivé à cet objet de contrainte ?
À la fin du XIXe siècle, le soutien-gorge libère les femmes des corsets, jusqu’à ce que dans les années 90, l’invention du push-up "recorsétise". Les soutiens-gorge deviennent alors des outils de formatage destinés à homogénéiser les poitrines, en les faisant correspondre à l’idéal esthétique : la demi-pomme, soit des seins suffisamment gros, hauts et fermes.
Selon vous, est-ce que la tendance du "No-Bra" va perdurer ?
Le confinement a permis aux femmes d’expérimenter un nouveau rapport à leurs corps, débarrassé des regards qui pèsent sur elles dans l’espace public. Elles ont pu choisir de ne plus porter de maquillage, de talons ou de soutien-gorge.
A lire aussiAuteur : Ana BoyrieNos experts : Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’Insep & Dr Jean-Denis Rouillon, médecin du sport & Camille Froidevaux-Metterie, chercheuse et professeure de science politique. Article publié le