Opérer un patient d’une tumeur au cerveau, sans l’endormir complètement, c’est ce qu’on appelle une chirurgie éveillée. Le patient voit, entend et parle pendant qu’on l’opère. Objectif : protéger les fonctions de la parole et de la motricité. Le CHR de la citadelle, à Liège, nous ouvre les portes du bloc opératoire, pour assister à cette intervention hors norme.
"Elle adore la musique, il doit nettoyer ses lunettes, on a volé la camionnette…A quelques centimètres du visage du patient, le neuropsychologue égrène des phrases simples. Un faible filet de voix les reprend.
Mourad, s’applique. Il répète les phrases du psychologue mais chaque syllabe, chaque mot, lui demande un effort considérable. Il a le crâne ouvert. Au-dessus de lui, deux chirurgiens sont en plein travail. Ils lui retirent une tumeur au cerveau. Mourad lui, est bel et bien éveillé.
Préserver la parole et la motricité
"Il s’agit d’un patient jeune qui a une tumeur située dans une zone fonctionnelle à risque, notamment pour la parole et la motricité", nous explique Vincent Bex, chirurgien. Si les soignants ont décidé de garder Mourad éveillé pendant son opération, c’est pour protéger cette fonction de la parole.
"Pas trop fatigué ?" "Non ça va." Réponse peu convaincante de Mourad qui a, à présent les yeux à moitié clos. "OK, on fait une minute de pause", annonce le psychologue. Pour le patient, l’exercice est évidemment éprouvant, mais nécessaire. Un coup de fatigue, des incohérences, une bafouille : autant de signes qui doivent alerter l’équipe médicale.