Présidentielle : ce que l'on sait déjà du programme de Macron pour un second mandat

Il n'est toujours pas candidat mais il a déjà commencé à égrener ses propositions pour un second mandat. En déplacement ou en interview, parfois avec ambiguïté, Emmanuel Macron distille des indices sur un futur programme à 74 jours désormais du premier tour de la présidentielle. Gratuité à l'université, droits de succession, réforme des retraites, Sécurité... Voici ce que l'on sait sur un éventuel second mandat du chef de l'Etat.

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Une réforme des retraites pour un second quinquennat

C'est la réforme qu'il n'a pas réussi à achever en raison de la crise sanitaire. Mais cela pourrait également être un des premiers chantiers d'un deuxième mandat d'Emmanuel Macron. Interrogé sur TF1 mi-décembre, le chef de l'Etat a esquissé les contours de son nouveau projet. Voici ses grandes lignes :

> "Il y a maintenant un problème de financement, il est donc clair qu'il faudra travailler plus longtemps", avait expliqué Emmanuel Macron, sans évoquer un âge précis de départ légal à la retraite. Le chef de l'Etat avait assuré que "cela ne signifie pas la même réalité pour tout un chacun". Selon lui, "on doit adapter ce temps de vie au travail d'une part aux difficultés de certaines tâches, et on doit sans doute repenser ce qu'est le travail des seniors."

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> "Je ne pense pas qu'il faille exactement faire la même réforme que celle qui était envisagée", avait-il également avancé.

> "Il faut simplifier nos règles, en allant vers une sortie des régimes spéciaux. Il y a 42 régimes aujourd'hui. Alors, est-ce qu'il faut un seul, ce qui était mon projet initial? Je crois que c'est trop anxiogène", notait-il. Le chef de l'Etat a évoqué alors un "système simplifié" avec "grosso modo trois grands régimes", pour "la fonction publique, pour les salariés et pour les indépendants".

Il ne veut pas pas d'augmentation d'impôt

Qui va payer pour la dette issue du "quoi qu'il en coûte"? Emmanuel Macron l'assure : tant qu'il sera "dans [s]es fonctions, il n'y aura pas d’augmentation d’impôts". Pour payer la dette, le Président envisage de compter sur "l'activité". "C'est par notre capacité à produire davantage et exporter, que nous pourrons progressivement dégager les surplus qui permettront de rembourser la dette", affirme-t-il.

La fin de la gratuité à l'université?

Ce qu'il a dit. Une phrase qui a mis le feu à la campagne. Le 13 janvier, lors de la clôture par visioconférence du Congrès de la Conférence des présidents d'universités, Emmanuel Macron avait estimé que la France ne pourrait "pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l'argent public que partout dans le monde". "Si nous ne réglons pas ces problèmes structurels, nous nous mentirons à nous-mêmes", ajoutait-il avant d'évoquer le "besoin d'une transformation systémique de nos universités."

Présidentielle : ce que l'on sait déjà du programme de Macron pour un second mandat

Les réactions. Malgré le flou de la proposition, le constat et les propos d'Emmanuel Macron avaient été étrillés par les différents candidats à la présidentielle. "Parler de la hausse des frais d'inscription pour les familles qui sont aujourd'hui en vraie problématique de pouvoir d'achat, alors même qu'il y a un désengagement aussi fort de l'Etat pour l'université, pour moi c'est de la provocation", avait critiqué la candidate LR et ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Le candidat EELV Yannick Jadot avait lui jugé "choquante" la proposition d'Emmanuel Macron, allant même jusqu'à l'accuser d'être "le président le plus antijeunes de la Ve République".

Sa correction. Face au tollé, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a tenté d'éteindre la polémique à l'Assemblée nationale le 18 janvier expliquant qu'Emmanuel Macron n'avait "pas parlé une seconde d'augmenter les droits d'inscription". Interrogé lundi dans la Creuse par une lycéenne, Emmanuel Macron est revenu sur le sujet : "Quand on veut se battre contre la précarité étudiante, on n'augmente pas les droits d’inscriptions à l’université, c’est d’ailleurs pour ça que, contrairement à ce que j’ai pu lire partout dans la presse, je n’ai jamais dit ça. Merci de l'avoir corrigé, je n'ai jamais dit ça".

Il a également précisé ce qu'il comptait faire : "Ce que j'évoquais, c'est plutôt des formations professionnelles tout au long de la vie, que les universités vont devoir mettre en place et qui, elles, ont vocation à être payantes. Et qui vont permettre aux universités d'avoir ainsi des revenus et de fonctionner en se donnant plus de moyens." L'université en France n'est pas gratuite mais les frais d'inscription sont très bas : 170 euros en licence, 243 euros en master. Les étudiants boursiers sont exonérés du paiement de ces droits.

Un allégement des droits de succession?

C'est l'un des thèmes de campagne qui a émergé ces dernières semaines. Faut-il baisser les droits de succession? Emmanuel Macron a évoqué ce sujet dans son interview au Parisien le 5 janvier : "Je pense qu’il y a un sujet sur ce que j’appellerais la 'transmission populaire', c’est-à-dire lorsqu’on n’est pas sur des montants exorbitants. (...) Nous sommes une nation de paysans dans notre psychologie collective ce qui est une force. Nous avons cela dans notre ADN et donc la transmission est importante pour nous. Donc je pense qu’il y a des choses à améliorer. Il faut plutôt accompagner les gens pour les aider à transmettre les patrimoines modestes", a expliqué Emmanuel Macron.

Valérie Pécresse en a aussi fait un axe de sa campagne puisqu'elle propose, si elle est élue, d'exonérer de taxes les successions jusqu'à 200.000 euros par enfant, contre 100.000 euros aujourd'hui. Valérie Pécresse veut également augmenter le plafond des donations du vivant des donateurs défiscalisées. Chaque parent pourrait ainsi donner 100.000 euros tous les six ans et non plus tous les quinze ans. L'abattement serait aussi porté à 100.000 euros pour une transmission indirecte, par exemple dans le cas où "une personne hériterait de son oncle ou de sa soeur". Par ces mesures, Valérie Pécresse assure qu'elle "supprime[ra] les droits de succession pour 95% des Français."

S'il n'est pas comptable du futur programme d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a assuré mardi à l'Assemblée qu'il n'avait "aucune difficulté à envisager une baisse de ces droits [de succession], notamment concernant les successions en ligne indirecte pour lesquelles la fiscalité, c'est vrai, est pénalisante." Une idée bientôt reprise par le chef de l'Etat?

Macron veut doubler les effectifs de forces de l'ordre sur le terrain d'ici à 2030

En déplacement à Nice le 10 janvier, Emmanuel Macron a précisé ce qu'il comptait faire dans les prochaines années concernant la sécurité. Il souhaite ainsi doubler les effectifs des forces de l'ordre sur le terrain d'ici à 2030. Pour y parvenir, le président table sur la suppression de tâches annexes ainsi que sur des réorganisations.

Emmanuel Macron prévoit également la présentation en mars en Conseil des ministres d'une loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi). Mais ce projet de loi ne pourra être voté à l'Assemblée qu'après l'élection présidentielle. Ce texte devrait notamment permettre de dégager "3.500 policiers et gendarmes" pour les mettre sur la voie publique.

Cette Lopmi est la pierre angulaire du projet sécuritaire du président. Elle ajouterait au budget de la sécurité 15 milliards d'euros supplémentaires sur cinq ans, soit une hausse de 25% par rapport au budget actuel et permettrait de doubler en cinq ans du nombre des des enquêteurs dédiés aux violences intrafamiliales, de doubler la présence policière dédiés dans les transports en commun aux horaires où les agressions sont le plus constatées, ou d'augmenter le nombre des intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries pour atteindre un total de 600.