Mouvement No Bra: les poitrines se déconfinent

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Se balader sans soutien-gorge, sortir le soir sans armature devrait être un acte normal et accepté. Les moments de détente devraient pouvoir autoriser la liberté de mouvement des seins et des tétons. Dans les faits, les choses ne sont pas si simples. Le frein n’est ni physique ni esthétique mais social. Voir des poitrines libres est encore mal considéré dans la société. Selon un sondage organisé en France, 20% des personnes interrogées considèrent qu’apercevoir un sein sous un t-shirt devrait être admis comme une circonstance atténuante en cas d’agression sexuelle.

Caroline, 43 ans, danseuse, raconte. «J’ai brûlé mon soutien-gorge il y a quelques années déjà. Je m’y suis mise au début à mon travail, puis petit à petit, à la ville.

No Bra au travail

Ne pas porter de soutien-gorge au travail nuit-il à la bienséance? Marine, quarantenaire active dans le domaine événementiel, en a fait la cruelle expérience son premier jour à la cafétéria: «En télétravail, j’ai découvert la liberté de ne plus être contrainte avec une pièce de tissu que je n’ai jamais vraiment trouvé confortable. A la maison, personne n’était là pour me juger si mes seins se voyaient en transparence sous mon t-shirt ou s’ils pendaient un peu plus que normalement. J’appréhendais un peu de retourner au bureau sans en porter, mais c’est pourtant ce que j’ai fait, la poitrine libre sous un chemisier assez large.»

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Virée pour ne pas porter de soutien-gorge

Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est arrivé à Ophélie. La jeune femme de 25 ans était serveuse dans un établissement public valaisan. «J’y travaillais à plein temps en été 2019. Un restaurant alternatif et familial. Au moment de mon engagement, j’avais un gros pull et la patronne n’a pas remarqué que je ne portais pas de soutien-gorge.» Ophélie a abandonné ce sous-vêtement depuis ses 17 ans. «Pour l’inconfort. Chez moi, je n’en portais jamais. Voir des femmes sans soutien-gorge à l’extérieur m’a convaincue, ça a été une libération.» Au moment de son engagement, la question du dress code ne se pose pas.

Puis vient l’été. Ophélie travaille en débardeur dans une ambiance décontractée. Après quelques jours, la situation se gâte. «Mon employeuse me dit que ce n’était pas possible, que je dois porter un soutien-gorge. Je suis choquée. En plus, mes seins sont menus et ronds. Sous mes tops, ni décolletés ni transparents, ça ne se voit pas.» L’argument de la patronne? Les clients ne seraient pas prêts. Ophélie a besoin d’argent, elle cède à la pression. «J’ai porté un soutien-gorge pendant deux mois. Chaque matin, l’idée de m’engoncer dans ce bout de tissu m’angoissait. Comme le job se passait bien, j’ai arrêté.» L’employeuse d’Ophélie est en colère.

Le No Bra au fil du temps

1889: Invention du soutien-gorge par Herminie Cadolle. Ouvrière corsetière, féministe engagée, elle veut libérer les femmes de la prison du corset. Présente le «corselet-gorge» à l’Exposition universelle à Paris. Son invention côtoie la tour Eiffel et aura la même longévité. Herminie brevette son invention, ouvre un atelier, emploie 200 femmes. Sa marque, la «Maison Cadolle» existe encore aujourd’hui.

1968: Même si l’histoire de femmes brûlant leurs soutiens-gorge tient plus de la légende urbaine que de l’action collective, le symbole flambe dans le monde entier et influence les mentalités.

1970: Début du topless sur les plages françaises.

1990: Invention du push-up, la «recorsettisation» du corps féminin. Les wonderbra s’imposent partout ainsi que les seins en demi-pomme, haut perchés et fermes.

2013: Publication d’une étude portant sur 25 ans et 320 femmes par le professeur Jean-Denis Rouillon, qui montre que pour les 18-35 ans, le mamelon No Bra est remonté de 7 mm en une année.

2018: Emergence de hashtags, dont #nobrachallenge.

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