Milan Fashion Week : haut les corps !

Dans l’imaginaire de la mode, il y a évidemment l’aura stylistique de la Parisienne, mais aussi le glamour à part de l’Italienne. Un sex-appeal que les créateurs ont revisité sur leurs podiums lors de la semaine de la mode milanaise printemps-été 2022, du 21 au 27 septembre, célébrant les corps et dévoilant les peaux.

Chez Versace, c’est à travers l’iconique foulard en soie imprimé de la maison que Donatella Versace exprime la sensualité. « Le foulard est un élément fondamental de l’héritage Versace. Cette saison, il n’est plus fluide ou évanescent. Il est provocant, sexy, attaché très serré », détaille la créatrice. Le défilé, ouvert par la chanteuse Dua Lipa, en fait la démonstration à travers des tops bustiers dévoilant les hanches, des brassières glissées sous des costumes néon allongeant la jambe, des microjupes fendues portées avec des vestes d’homme. L’allure est sexy et franchement assumée.

Un parti pris que l’on retrouve chez Dolce & Gabbana, habitués à ne pas lésiner quand il s’agit de montrer le plus de peau possible. « Nous avons voulu rendre hommage au monde féminin en donnant la possibilité aux femmes de s’exprimer et d’affirmer leur sex-appeal », détaillait le duo en amont du show. Bodys en dentelle glissés sous des jeans ornés de bijoux clinquants, Perfecto en cuir mariés à des soutiens-gorge en guipure noire, robes à lacets ultra près du corps ou très courtes en mousseline transparente, peu de choses sont laissées à l’imagination.

Chez Roberto Cavalli, pour qui Fausto Puglisi signait ici sa deuxième collection, le sexy aux accents féroces ne se trouvait pas bien loin, il suffisait de faire un petit tour dans les archives. Les imprimés tigrés, léopard ou zébrés historiques de la maison florentine sont portés tour à tour sur de longues robes fendues, des manteaux volumineux ou de toutes petites robes aux découpes suggestives… Kim Kardashian et Jennifer Lopez ont déjà succombé. « Je veux que le sexy soit célébré comme faisant partie de la vie, le sexe fait partie de la vie, non ? Les femmes d’aujourd’hui ne sont plus assujetties aux regards des hommes, je veux qu’elles soient libres de porter ce qu’elles veulent ! » explique Fausto Puglisi.

Les maisons à l’univers plus cérébral se sont également interrogées sur la notion de sensualité, à l’image de Prada, dont la collection imaginée par Miuccia Prada et Raf Simons s’est attachée à en redéfinir les contours, à travers deux défilés identiques, organisés simultanément à Milan et Shanghaï. « Nous avons mené une réflexion sur le langage de la séduction, qui finalement en revient toujours au corps. Cette collection est une investigation sur ce que ces questions veulent dire aujourd’hui, qu’est-ce que la séduction ? » précise Miuccia Prada dans sa note d’intention.

Milan Fashion Week : haut les corps !

En guise de réponse, le duo a très intelligemment joué sur le fil de ces interrogations, avec des vestes en cuir vieilli portées à même la peau, des pans de satin duchesse s’échappant de l’arrière des minijupes, des soutiens-gorge moulés dans les pulls en laine, des vestes à la manière d’un corset et des polos en maille fine, accentuant la poitrine ou encore les attaches des robes pas totalement fermées, donnant à apercevoir la dentelle de la lingerie. Une version moderne de la notion de séduction suggestive, parfaitement exécutée.

Pour Massimo Giorgetti chez MSGM, la sensualité passe par des jeux de découpe dévoilant la peau, tantôt celle du ventre grâce à un crop top vert électrique, tantôt celle d’une épaule par l’asymétrie d’une robe drapée et fleurie, ou bien encore celle des jambes grâce à des shorts ou des jupes ultra-courtes.

La peau, c’est également le terrain de jeu exploré avec subtilité par Guillaume Meilland chez Salvatore Ferragamo. Moins frontale que celle de ses pairs, sa sexy attitude se niche dans un décolleté profond sur une robe longue en coton noir, une autre en daim frangée créant un appel d’air sur le ventre, un haut en résille ou bien encore un top drapé à même la poitrine.

Une sensualité tout en retenue qui fait écho à celle diffusée par Walter Chiapponi chez Tod’s, qui propose un vestiaire teinté de références sportswear – des parkas courtes zippées, des robes en maille laissant entrevoir les sous-vêtements, des vestes aux poches plaquées… – servi par une palette de couleurs douces, entre jaune, orange et coquelicot.

Giorgio Armani a quant à lui reçu ses invités dans sa maison personnelle, un palazzo d’un quartier animé de Milan. C’est au sous-sol, dans son petit théâtre, que le créateur a déroulé sa collection printemps-été 2022. Une ode à la douceur estivale, à la mer et au soleil, articulée autour de pantalons fluides, de petites vestes ajustées, de robes et ensembles pantalons aux reflets grisés scintillants ou encore de jupons façonnés dans un tulle irisé.

Si la question de la sensualité n’est pas à proprement parler l’objet de la collection proposée par Francesco Risso chez Marni, celle de la performance des corps y tient toute sa place. Le créateur, arrivé à la tête de la maison milanaise en 2016, a en effet imaginé un défilé participatif : chaque invité était vêtu d’une ou plusieurs pièces siglées Marni, le plus souvent de grandes chemises en coton recyclé peintes à la main. Ajoutez à cela une chorale, des violonistes, des saxophonistes, un poète déclamant des vers et la chanteuse américaine Zsela Thompson installée au centre de l’estrade… difficile de distinguer les mannequins dans cette assemblée, qui portaient une série de robes rayées et colorées coupées en biais et des assemblages de motifs pâquerettes sur des jupes courtes accompagnées de brassières. Un défilé spectacle rafraîchissant, servi par un casting aux morphologies diverses.

Enfin, surprise : dimanche soir, alors que la plupart des journalistes et acheteurs étrangers avaient quitté la ville, les maisons Versace et Fendi ont dévoilé une collection commune baptisée Fendace, lors d’un défilé gardé secret. Kim Jones et Silvia Venturini Fendi ont réinterprété les codes Versace tandis que Donatella Versace s’est emparée de ceux de Fendi. Résultat, une collection hybride sexy à souhait mêlant glamour, imprimés foulard, collants logotés, bijoux clinquants ou dentelle suggestive, portée par les top-modèles cultes Kate Moss, Naomi Campbell ou Amber Valletta, qui ont elles aussi réinventé la notion du sexy dans les années 1990.

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Maud Gabrielson(Milan - Italie, envoyée spéciale)

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