Laetitia Casta, le rôle de sa vie

Ce soir de novembre, à Marseille, le public assiste à la représentation de rodage de Clara Haskil, prélude et fugue. La première aura lieu au Théâtre du Rond-Point, le 5 janvier, à Paris. Seule en scène, Laetitia Casta, 43 ans, fait oublier la pin-up des calendriers Pirelli des années 1990. Natte sur l’épaule, à peine maquillée, le corps flouté par la sage robe noire offerte par son ami Anthony Vaccarello, le directeur artistique de Saint Laurent, elle raconte l’histoire vraie d’une pianiste de génie née en Roumanie, à moitié bossue et qui a couru toute sa vie derrière la gloire et les cachets. A l’extinction des feux, les spectateurs, debout, bissent et applaudissent. Venus pour Casta, ils ont pleuré pour Clara, pris par l’histoire et les mélodies romantiques jouées par la ­pianiste Işil Bengi.Laetitia Casta, le rôle de sa vie Laetitia Casta, le rôle de sa vie

Interdits de répétitions depuis près d’un an, Line et Dominique Casta, les parents de Laetitia, venus de leur village corse, se sont ­fondus dans le public, de même que l’acteur Louis Garrel, mari de la comédienne. « Elle est dans une telle empathie avec son personnage qu’il pourrait n’y avoir plus personne dans la salle, elle jouerait encore », glisse celui-ci, ­visiblement ébahi. En coulisses, Safy Nebbou, le metteur en scène, rassure Laetitia Casta, pâle comme un spectre. « Elle a terriblement peur d’être mannequin et pas actrice, c’est un moteur très fort chez elle », explique-t-il.

Laetitia Casta, le rôle de sa vie

Son désir de casser le miroir du glamour, Safy Nebbou l’a perçu dès 2017. C’était lors d’une audition pour une première pièce, remake du film d’Ingmar Bergman Scènes de la vie conjugale. « Elle voulait ce rôle de toutes ses forces, se souvient-il, alors je l’ai accompagnée là où elle voulait aller, c’est-à-dire devenir comédienne. » La pièce a connu un succès d’estime et chacun est reparti de son côté. Lui dans ses films (Celle que vous croyez, en 2019, L’Œil du loup, en 2020), elle dans son métier de toujours, les shootings de mode et de pub, et les seconds rôles au cinéma.

En 2020, elle est revenue voir Safy Nebbou avec la biographie de Clara Haskil par Serge Kribus (L’Avant-scène théâtre, 2019). Elle l’a convaincu, trouvé les financements qui manquaient pour monter le spectacle. « On doit le faire », répétait-elle, obsédée par l’idée d’être seule en scène. Tout le printemps dernier, à Lattes, dans ­l’Hérault, elle a répété son rôle jusqu’à l’épuisement, enceinte de huit mois et demi lors de la dernière séance de travail.

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