Le terminus des tueurs cachés

Affaires déclassées

Nouvelle série. Le nouveau pôle judiciaire dédié aux « serial killers » met fin à un déni français et fait renaître l’espoir dans des centaines de dossiers.

Épisode n° 1
Les épisodes
TexteThierry Lévêque PhotoMourad Allili/Sipa Édité parFrançois Meurisse

Le cas de Nordahl Lelandais est un nouveau rappel d’une sinistre réalité qui reste désespérément sous le radar en France. Une catégorie de citoyens tuent par habitude, sans que leur vie sociale en souffre. Ce type de criminel se dissimule et présente souvent entre deux meurtres un visage social banal, donnant le change jusqu’à l’entourage très proche. Combien de personnes Nordahl Lelandais, ancien militaire de 38 ans, décrit comme agréable par ses nombreuses conquêtes amoureuses féminines et masculines, a-t-il tuées ? Il est jugé à Chambéry, en Savoie, à partir de ce lundi et jusqu’au 18 février, pour l’enlèvement et le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, croisée par hasard en août 2017 à un mariage où il n’était pas invité. Lors de l’enquête, on a découvert incidemment que quatre mois auparavant, en avril 2017, il avait aussi tué Arthur Noyer, un jeune homme rencontré également par hasard, à la sortie d’une boîte de nuit. Cette affaire lui a valu vingt ans de réclusion criminelle l’an dernier à l’issue d’un premier procès – il encourt la perpétuité dans le dossier Maëlys. La gendarmerie a ressorti 900 dossiers de disparitions et de crimes non résolus traités dans une cellule baptisée « Ariane », pour finalement recommander la relance des investigations sur l’hypothèse Lelandais dans dix-huit de ces affaires. Le système pénal envisage très sérieusement une énorme carrière criminelle et survole donc l’ensemble du parcours du meurtrier. C’est en soi une nouveauté.

Pour mesurer le déni longtemps opposé par les autorités politiques et judiciaires françaises aux notions de tueurs et de crimes en série, il faut remonter à l’affaire des disparus de Mourmelon.